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La créativité des manifestants et leur utilisation des réseaux sociaux ne masquent pas leur sombre vision de l’avenir.
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LETTRE DE HONGKONG
Il y a un sujet sur lequel Pékin et les manifestants de Hongkong sont d’accord : c’est bien un parfum de révolution qui flotte sur cette ville riche mais rebelle de 7,4 millions d’habitants. Certes les jeunes Hongkongais qui, depuis dix semaines, défient la Chine communiste ne veulent pas prendre le pouvoir. L’immense majorité d’entre eux ne se définissent même pas comme indépendantistes. Mais ils veulent continuer à pouvoir vivre dans une société capitaliste, libre et démocratique. Exactement l’inverse du « modèle chinois ».
Leur slogan ? « Libérer Hongkong, une révolution de notre temps ». Une phrase d’Edward Leung, jeune homme de 28 ans au statut d’icône depuis sa condamnation en 2016 à six ans de prison pour participation à un mouvement social qui a vite tourné à l’affrontement politique.
De son côté, Pékin qualifie ce mouvement de « révolution de couleur ». Dans l’esprit des dirigeants communistes, cela signifie un mouvement fomenté par l’Occident pour déstabiliser leur pouvoir. C’est absurde. Le président américain Donald Trump a même du mal à cacher le mépris que lui inspirent ces jeunes « émeutiers ».
Un mouvement sans leader
Pourtant l’expression n’est pas si mal choisie : car de fait, vue de Pékin, le mouvement est bien révolutionnaire. Par sa finalité : instaurer voire pérenniser un Etat de droit qui ressemble à s’y méprendre à une démocratie occidentale au sein même d’une cité sur laquelle flotte le drapeau chinois. Par ses modalités aussi : à Pékin, un homme, Xi Jinping peut décider de tout. A Hongkong, les jeunes mettent un point d’honneur à constituer un mouvement sans leader.
A Pékin, les réseaux sociaux sont sous contrôle et l’anonymat interdit. A Hongkong, les échanges, anonymes, se font sur une plate-forme, LIHKG, hébergée par la société américaine Cloudflare. On y discute stratégie bien sûr mais on y développe aussi des applications pour téléphones mobiles notamment pour valoriser les « bons » commerçants (qui soutiennent le mouvement) et inciter à boycotter les autres.
Si la méthode n’est pas sans danger ni faiblesse, elle a aussi ses avantages. « Cela démocratise le débat public et y réintroduit de l’émotionnel » note Séverine Arsène, chercheuse associée au Médialab de Sciences Po qui vit à Hongkong. Cette « révolution 2.0 » n’est pas incompatible avec une communication plus traditionnelle. Des prospectus sont ainsi distribués au cours des rassemblements. Ils sont d’ailleurs d’une qualité impressionnante. Manifestement certains graphistes ont des vacances studieuses.
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