« Réduire la RDA à une dictature de même nature que l’Allemagne nazie favorise l’extrême droite »

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Placer sur un même plan la terreur nazie et le régime communiste est-allemand (RDA) se banalise, déplore l’historienne Sonia Combe, dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Les manifestations de Chemnitz et Cottbus contre l’accueil des réfugiés et l’entrée du parti de l’extrême droite, l’AfD, au Bundestag, en 2018, ont mis fin à l’illusion que l’Allemagne était épargnée par le populisme. Le 14 février, lors d’une rencontre organisée à Berlin par la fondation Amadeu-Antonio, engagée dans la lutte contre l’extrême droite, le racisme et l’antisémitisme, une question a été posée : « Y aurait-il un lien entre la montée de l’extrême droite et la criminalisation de la République démocratique d’Allemagne (RDA) ? »

Hubertus Knabe, directeur du Mémorial de la prison de la Stasi (police politique du régime communiste de la RDA, créée en 1949) à Berlin-Hohenschönhausen, n’a jamais caché son but : montrer que la dictature est-allemande équivalait à la terreur nazie. Devenue un lieu mémoriel depuis la chute du Mur, l’ancienne prison accueille une exposition sur un Berlin en ruine en 1945. L’Armée rouge, qui vient de libérer la capitale du Reich, place en détention des nazis dans cette prison. Mais, l’exposition ne les présente pas en tant que tels, préférant les qualifier de « milliers d’innocents ». Aucune distinction n’est opérée entre la période de la Zone d’occupation soviétique (1945-1949) et la RDA. Ainsi, la même violence policière se serait exercée sans relâche de 1945 à 1989.

Visite de cellules

Lors de la visite des cellules, les guides ne manquent pas d’insister sur le fait que les effectifs de la Stasi étaient bien supérieurs à ceux de la Gestapo, la police politique du IIIReich. C’est vrai, la Gestapo n’avait pas besoin d’effectifs importants, puisqu’elle croulait sous les dénonciations spontanées. Comme l’a fait remarquer l’historien Klaus Bästlein lors de la journée d’étude du 14 février, cette vision réductrice de la RDA arrangeait tout le monde. La RDA n’aurait-elle pas été une dictature ? Que ce Mémorial de la prison de la Stasi, qui draine 500 000 visiteurs par an, soit devenu une visite obligatoire pour les lycéens allemands n’aurait donc ému personne !

En septembre 2018, Hubertus Knabe a été licencié. Ce ne sont pas ses prises de position idéologiques qui ont conduit à son licenciement. Pas davantage sa conduite envers le personnel du Mémorial, qui s’était plaint plus d’une fois de sa direction. Mais parce que des femmes ont porté plainte contre l’un de ses collaborateurs qui les harcelait sexuellement. Le directeur était au courant, mais n’avait rien fait. Il protégeait cette personne, comme il avait, un an auparavant, protégé un autre de ses collaborateurs dont il s’était avéré… qu’il était membre ou proche de l’AfD. Exit Knabe ! Mais à cette heure, ni l’exposition ni le discours des guides n’ont changé d’un iota.

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