Les réunions secrètes de la dissidente est-allemande Ulrike Poppe

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ULRIKE POPPE, BERLIN, GERMANY - 01.08.2019: Ulrike Poppe (originall name Ulrike Wick), born on 26th January 1953 in Rostock, was a member of the East German opposition. In 1982 she founded the “Women For Peace” network. She joined the Initiative for Peace and Human Rights in 1985 and Democracy Now in 1989. In 1995 she was awarded the Order of Merit and in 2000 the Gustave Heinemann Prize. Photo copyright © Derek Hudson / Getty Images

Derek Hudson pour “Le Monde”

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1989, mon dernier été en RDA (3/6). Après un printemps agité, les mois d’été marquent comme un temps d’arrêt. Cette opposante se souvient d’une période partagée entre la tristesse de voir de plus en plus d’amis partir vers l’Ouest et un « immense espoir » pour l’avenir, en dépit d’une surveillance toujours étroite de la Stasi.

Un soir de juillet 1989, dans une ferme du Brandebourg, à environ une heure de route de Berlin. Quelqu’un apporte un télégramme : « Un putsch vient d’avoir lieu à Berlin-Est. Le gouvernement a été renversé. » Autour de la table à manger, une vingtaine de conjurés se mettent alors à inscrire sur de petits papiers les noms des différents ministères à se répartir : finances, affaires étrangères, éducation populaire, justice, etc. Puis chacun en choisit un au hasard, avec pour mission de préparer un bref discours programmatique exposant au reste du groupe les réformes qu’il mettra en œuvre dans son secteur après la constitution du nouveau gouvernement.

« Sans savoir ni quand ni comment, nous pressentions que le pouvoir ne tarderait pas à changer de mains »

Trente ans après, Ulrike Poppe a beau fouiller dans sa mémoire, elle ne se souvient plus de quel portefeuille elle a hérité ce soir de juillet 1989. Mais pour cette figure de l’Initiative pour la paix et les droits de l’homme, un des principaux mouvements d’opposition au régime est-allemand, fondé en 1986 à Berlin-Est, la scène résume l’état d’esprit dominant à l’époque. « En juillet 1989, personne, évidemment, ne pensait que le mur de Berlin allait tomber quatre mois plus tard, et le petit jeu que nous avons fait ce soir-là en imaginant qu’il venait d’y avoir un putsch et que nous devions constituer un nouveau gouvernement ne signifiait pas que nous préparions un coup d’Etat, raconte-t-elle. Mais, rétrospectivement, le fait que nous ayons échafaudé un tel scénario pendant ces vacances-là en dit long sur la façon dont nous nous figurions l’avenir à l’été 1989. Sans savoir ni quand ni comment, nous pressentions que le pouvoir ne tarderait pas à changer de mains. »

Ulrike Poppe, elle, ne deviendra jamais ministre. A la différence de son compagnon de l’époque, Gerd Poppe, qui participa lui aussi au jeu imaginé par la bande d’amis. En février 1990, ce physicien de formation sera l’un des huit ministres sans portefeuille du cabinet dit « de responsabilité nationale » formé par le communiste Hans Modrow et ouvert à des représentants de la Table ronde, cette instance de dialogue entre le gouvernement et l’opposition mise en place en décembre 1989. Un gouvernement dont la principale tâche sera de préparer les élections législatives du 18 mars 1990, les premières – et dernières – élections « libres » de l’histoire de la République démocratique allemande (RDA).

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