Les grands-mères palestiniennes à l’honneur sur Twitter, après la visite avortée d’une élue américaine à la sienne

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Muftiyah Tlaib, la grand-mère de Rashida Tlaib, dans son village de Beït Our Al-Fauka, en Cisjordanie, le 16 août.
Muftiyah Tlaib, la grand-mère de Rashida Tlaib, dans son village de Beït Our Al-Fauka, en Cisjordanie, le 16 août. MOHAMAD TOROKMAN / REUTERS

Elles ont entre 70 et 100 ans et ne sont pas forcément très technophiles, mais elles sont devenues, l’espace d’un week-end, les stars du réseau social Twitter. Depuis dimanche 18 août, des utilisateurs partagent le visage ridé, les manies et les leçons de vie de leur grand-mère palestinienne via le mot-clé #MyPalestinianSittysitty désignant une aïeule en langue vernaculaire.

Cette mobilisation symbolique a émergé en soutien à l’élue américaine Rashida Tlaib, la première femme d’origine palestinienne à siéger à la Chambre des représentants, contrainte d’annuler un voyage prévu en Cisjordanie après un imbroglio politique et diplomatique.

Rashida Tlaib devait en effet effectuer une visite officielle estivale à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, en compagnie d’une autre élue démocrate, Ilhan Omar. L’occasion parfaite pour passer voir sa grand-mère, Muftiyah Tlaib, qui réside dans le village de Beït Our Al-Fauka, en Cisjordanie.

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Revirements diplomatiques

Mais le 15 août, Israël interdit aux deux femmes d’effectuer leur voyage. Une décision prise sous la pression de Donald Trump, qui avait affirmé le même jour sur Twitter que « cela serait un signe de grande faiblesse » de la part d’Israël de laisser le déplacement avoir lieu. Le président américain goûte en effet peu leurs positions critiques de sa politique migratoire et leur soutien au mouvement BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions vis-à-vis d’Israël) – au point d’avoir tenu des propos racistes à leur égard, estimant qu’elles devaient « retourner d’où elles venaient ».

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Mme Tlaib contacte alors le ministère de l’intérieur israélien pour demander l’autorisation de « rendre visite à des proches, spécifiquement [sa] grand-mère nonagénaire ». « Cela pourrait être ma dernière occasion de la voir », ajoute-t-elle. Le lendemain, Israël lui accorde une autorisation de visite pour raisons « humanitaires ».

Mais la quadragénaire, née à Detroit, refuse. Car Israël lui aurait fait promettre « de ne pas faire avancer la cause du boycottage contre Israël durant son séjour ». Dans un Tweet, elle explique : « Je ne peux pas permettre à l’Etat d’Israël (…) d’utiliser mon amour envers ma sitty pour me soumettre à leurs politiques oppressives et racistes. »

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Odes aux femmes fortes

L’histoire aurait pu trouver son épilogue avec ce message. Mais le 18 août, une professeure, Shatha Odeh, poste pour la première fois sur le réseau social des photos de sa grand-mère palestinienne, accompagnées du message :

« En l’honneur de la grand-mère extraordinaire de @RashidaTlaib, voici #MyPalestinianSitty debout à côté de ma mère dans les années 80. »

Le mot-clé est ensuite rapidement réutilisé par Linda Sarsour, une activiste américaine palestinienne, qui publie une image de son aïeule et appelle les autres « enfants palestiniens » à parler de leur sitty, « qui les ont façonnés, influencés et parfois même élevés », en employant #MyPalestinianSitty. Rapidement, le mot-clé passe dans les dix mots-clés les plus utilisés aux Etats-Unis.

« Elle était illettrée, mais savait le Coran par cœur, raconte une internaute. Elle a été mariée à 13 ans, mais m’a fait promettre de terminer l’école avant de faire de même. C’était mon héroïne. »

« Voilà ma grand-mère Fatma. Elle a été témoin de 48 guerres, 56 occupations de Gaza, (…) 13 ans de blocus avec 6 heures d’électricité par jour. Pourtant, elle sourit toujours » poursuit un autre.

Rashida Tlaib s’est également jointe au mouvement, publiant une photo de son autre grand-mère palestinienne, qui « ne se laissait embêter par personne ».

L’autre élue démocrate qui devait être du voyage officiel, Ilhan Omar, qui est d’origine somalienne, s’est émue des histoires partagées sur #MyPalestinianSitty : « Je suis submergée d’émotion à l’idée que nous sommes enfin en train d’humaniser l’un des peuples les plus déshumanisés du monde » a-t-elle écrit sur Twitter.

« Sa haine d’Israël l’emporte »

Certains internautes juifs ont également publié des messages comportant le hashtag, mettant en avant les similarités entre les deux cultures. « Je n’ai pas de grand-mère palestinienne, mais j’ai une bubbe [« grand-mère » en yiddish]. Et bien qu’elle ait peur que mon travail (…) puisse me faire souffrir, elle est fière de moi, raconte la militante juive en faveur des droits des Palestiniens Ariel Gold. Elle me rappelle à quel point les cultures palestiniennes et juives sont proches. »

De son côté, le ministre israélien de l’intérieur, Aryeh Deri, qui avait approuvé la demande de visite de Rashida Tlaib, a critiqué sa décision de ne pas venir. « Il s’est avéré que c’était une provocation pour embarrasser Israël. Sa haine d’Israël l’emporte sur son amour pour sa grand-mère », a-t-il réagi sur Twitter. « La seule gagnante dans tout cela est la grand-mère de Tlaib. Elle n’est plus obligée de la voir désormais ! », a de son côté déclaré le président des Etats-Unis.

Si la colonisation par Israël de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est annexée s’est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967, elle s’est accélérée ces dernières années sous l’impulsion du premier ministre Benyamin Nétanyahou et de son allié à Washington, Donald Trump.

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