La course pour passer à l’Ouest de l’athlète est-allemande Ines Geipel

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1989, mon dernier été en RDA (1/6). Cet été-là, de nombreux Allemands de l’Est songent à fuir leur pays. L’athlète, elle, l’a quitté en août. Exclue de son sport après une romance et des envies d’ailleurs, empêchée de poursuivre ses études après son soutien aux victimes de Tiananmen, elle n’avait plus qu’une solution : partir.

Darmstadt, République fédérale d’Allemagne (RFA), jeudi 9 novembre 1989. Comme tous les soirs, Ines Geipel s’est déguisée en Tyrolienne de carte postale – Dirndl rose moulante et chemisier blanc aux manches bouffantes – pour s’occuper des clients de la petite taverne où elle travaille comme serveuse depuis quelques semaines. Soudain, son chef l’interrompt : « Viens voir, il y a quelque chose pour toi ! » Dans une pièce voisine, un téléviseur diffuse en direct les images de la chute du mur de Berlin. La jeune femme, qui a quitté la République démocratique allemande (RDA) deux mois plus tôt pour passer à l’Ouest, se précipite, mais reste à peine trois minutes devant le poste de télévision. « Les clients commençaient à s’impatienter, notamment une vieille princesse de 80 ans qu’on voyait tout le temps et que j’entends encore réclamer : “Du vin ! Du vin !” » Il n’était pas question d’interrompre le service plus longtemps. Alors, elle est retournée en salle.

Trente ans ont passé. Ines Geipel est devenue professeure dans une école d’art dramatique de Berlin. Jamais elle n’a oublié la scène de la taverne. Qu’avait-elle ressenti ce soir-là, devant l’écran ? Elle cherche un peu ses mots avant de répondre : « Je dirais… je dirais… de la joie. Oui, c’est bien ça : une très grande joie. Enfin ! Enfin ! Enfin, ça arrive ! Voilà ce que je me suis dit. Enfin, la libération ! Je crois que c’est le terme juste, oui : libération. »

C’est à la terrasse d’un restaurant branché de Schöneberg, un quartier situé à Berlin-Ouest du temps de la guerre froide, que cette Allemande de 59 ans nous raconte tout cela. Le lieu a son importance. Même si trois décennies se sont écoulées depuis la chute du Mur, Ines Geipel continue d’éviter, autant que possible, de se rendre dans l’ancien Berlin-Est. « J’y vais si on m’y invite. Mais si j’ai le choix, je préfère rester à l’Ouest. Après tout, c’est là où j’ai choisi de vivre, là où je me sens le mieux », confie-t-elle.

Le but de cette rencontre : le passé, justement, cet été 1989 où tout a commencé à basculer, pour elle et pour tant d’autres. Le dernier été communiste de 16 millions d’Allemands de l’Est. Les ultimes souffles d’un monde sur le point de s’effondrer. En avaient-ils conscience, à l’époque ? Certains, peut-être, mais pas tous. En janvier, l’homme fort du régime depuis 1971, Erich Honecker, disait encore : « Le Mur existera encore dans cinquante et même dans cent ans si les causes de son existence ne sont pas encore éliminées. »

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