Peut-on faire de la fiction avec le génocide rwandais ?

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Netflix diffuse la série « Black Earth Rising », qui met en scène la résurgence de nombreux tourments, dont une partie trouve son origine dans la tentative d’extermination des Tutsi, en 1994.

Par Jean-Philippe Rémy Publié aujourd’hui à 03h05

Temps de Lecture 6 min.

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LETTRE D’AFRIQUE

Michaela Coel interprète Kate Ashby, une orpheline du génocide en quête de justice.
Michaela Coel interprète Kate Ashby, une orpheline du génocide en quête de justice. NETFLIX

S’il y a un reproche auquel le scénario de Black Earth Rising ne s’expose pas, c’est celui de manquer de ressorts dramatiques. Que d’imagination, de coups de théâtre et d’éléments mélodramatiques entremêlés. Poison, trahisons, sexe, pouvoir, crimes de masse : tout se mélange et se combine au rythme effréné d’une telenovela. La série en huit épisodes d’une heure, écrite et réalisée par Hugo Blick, et diffusée par Netflix, se taille un joli succès, sans doute en raison de ce cocktail, malgré un sujet difficile.

La fiction met en scène, un quart de siècle après le génocide au Rwanda, la résurgence de nombreux tourments dont une partie trouve son origine dans la tentative d’extermination des Tutsi, en 1994, tout en abordant franchement les responsabilités des crimes commis dans la région des Grands Lacs depuis. Dans Black Earth Rising, ces thèmes foisonnent. Un peu trop. On y aborde, à toute vitesse, la question des minerais, notamment en République démocratique du Congo (RDC) voisine, les exactions cachées du pouvoir rwandais actuel, la justice internationale et ses bévues, dans un univers où ne règnent qu’intérêts sordides et convoitises d’Etat. Le ton est celui de l’hyperbole, à la frontière de la caricature, comme si le réalisateur avait eu peur que trop de nuances ne nuisent au propos.

Lire aussi « Black Earth Rising » : Netflix rouvre le dossier rwandais

Danger de déconstruction

Paradoxalement, le scénario ne pèche pas par ignorance, mais par trop-plein. A force de vouloir dire et dénoncer tant de choses, il finit par tout aplatir, et c’est un danger insidieux de déconstruction du sens général qui menace la compréhension de ce qui fut le grand génocide de la fin du XXe siècle. L’histoire de Black Earth Rising est supposée être avant tout celle de Kate Ashby, une orpheline du génocide en quête de justice. Durant les massacres, elle a été retrouvée dans une fosse commune, miraculeusement vivante, avant d’être adoptée par une juriste internationale anglaise, qui poursuit les responsables de crimes commis dans la région, d’abord au Tribunal pénal international pour le Rwanda puis à la Cour pénale internationale (CPI).

Or, coup de théâtre, Kate n’est pas celle qu’elle croit. La petite rescapée ayant survécu au milieu des cadavres de sa famille, et qui a perdu tout souvenir de son enfance, à part l’horreur de ce moment où on l’a tirée de cette tombe, n’a pas frôlé la mort quelque part au Rwanda, mais non loin de là, en République démocratique du Congo.

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