« Le conflit principal lié au Cachemire oppose le gouvernement indien à la population »

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De retour mardi de la région, l’économiste et activiste indien Jean Drèze décrit une zone paralysée transformée en prison à ciel ouvert.

Propos recueillis par Publié aujourd’hui à 06h23

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Des paramilitaires indiens tiennent la garde pendant le couvre-feu à Srinagar, au Cachemire, le 15 août.
Des paramilitaires indiens tiennent la garde pendant le couvre-feu à Srinagar, au Cachemire, le 15 août. DAR YASIN / AP

En compagnie de trois défenseurs des droits de l’homme et militants de gauche, l’économiste Jean Drèze a parcouru durant cinq jours la vallée du Cachemire, en proie à une forte répression depuis la suppression abrupte de son statut d’autonomie par New Delhi. La délégation a récolté de rares témoignages auprès de la population musulmane. Ce travail fait l’objet d’un rapport alarmant, diffusé mercredi 14 août et intitulé « Le Cachemire en cage ».

Vous avez intitulé votre rapport « Le Cachemire en cage ». Mais le Cachemire, l’une des régions les plus militarisées au monde, n’est-il pas déjà en cage depuis longtemps ?

C’est juste. Il y a au Cachemire une histoire très forte de répressions. Mais la situation actuelle est plus extrême. Cette fois-ci, le couvre-feu est strict. Pas d’Internet ni de téléphone. Magasins, écoles, tout est fermé, à part quelques pharmacies, les distributeurs de billets et les postes de police. L’activité économique est paralysée.

Il y a des allégements occasionnels du couvre-feu, comme si le gouvernement essayait de tester la température. Le fait que le Cachemire soit relativement développé permet à la population de tenir, mais cela ne va pas pouvoir durer. La situation est critique.

Qu’est-ce qui vous a frappé dans la vallée ?

La présence militaire. Les soldats sont partout. Il y a beaucoup de contrôles. Des véhicules avec des haut-parleurs demandent aux gens de rester chez eux. On comprend vite que l’objectif principal des forces de l’ordre n’est pas d’intercepter des terroristes mais de contrôler la population civile et d’empêcher toute protestation. Car le gouvernement sait que les gens manifesteront dès que le couvre-feu sera relâché.

Ensuite, j’ai été frappé par la colère de la population. Les gens ressentent une humiliation. Ils ne peuvent pas accepter que la suppression de l’autonomie de leur région ait été décidée derrière leur dos, sans qu’ils aient eu leur mot à dire. Et le fait qu’ils n’aient pas pu célébrer librement la fête de l’Aïd-el-Kébir [fête musulmane marquant la commémoration du sacrifice d’Abraham], lundi, a encore mis de l’huile sur le feu.

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Enfin, les gens ont très peur. Parmi tous les témoignages recueillis, pas une seule personne n’a voulu faire face à la camera. Les habitants craignent la répression du gouvernement. En dépit de cela, nous avons été touchés par leur grande hospitalité.

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