la victoire des prorusses marque l’échec de la stratégie européenne

0
359

[ad_1]

Les socialistes du président Igor Dodon remportent 31,5 % des voix. Ils profitent du discrédit des pro-européens au pouvoir depuis dix ans.

Par Benoît Vitkine Publié aujourd’hui à 08h08, mis à jour à 08h08

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

Igor Dodon, à la sortie d’un bureau de vote à Chisinau, en Moldavie, dimanche 24 février.
Igor Dodon, à la sortie d’un bureau de vote à Chisinau, en Moldavie, dimanche 24 février. Vadim Ghirda / AP

Des prorusses vainqueurs, une participation à son plus bas historique (49,15 %) et des accusations mutuelles de fraude. Voilà en peu de mots les principaux enseignements du scrutin législatif de dimanche 24 février en Moldavie. La plupart des allégations de fraude – achats de voix, intimidations d’électeurs, dont il appartiendra aux différentes missions d’observation de déterminer l’ampleur – ont visé non pas les vainqueurs, mais le Parti démocratique de Moldavie (PDM), le parti au pouvoir qui a longtemps incarné le camp pro-européen et chute à la troisième place (24 % après dépouillement de 98 % des bulletins).

Lire aussi Les Moldaves appelés aux urnes pour des législatives où les prorusses sont favoris

Le système électoral complexe introduit pour ces élections ne permet pas encore de connaître la répartition des sièges au Parlement, mais avec 31,5 %, les socialistes du président Igor Dodon ne seront pas en mesure de gouverner seuls. S’annoncent désormais des négociations complexes, M. Dodon ayant fait savoir qu’il ne voulait s’allier ni avec le PDM ni avec les libéraux d’ACUM (26,2 %). Autres options : de nouvelles élections ou des combines de couloir moins avouables, telles celles qui avaient permis au PDM de conserver la majorité en 2014 à coups de millions d’euros versés à des élus communistes.

En soi, la victoire d’une formation prorusse n’est pas le signe d’un bouleversement. Cette ancienne République soviétique reste divisée culturellement, linguistiquement et politiquement entre Est et Ouest, une frange de sa population rêvant même d’un rattachement à la Roumanie. De plus, les prorusses eux-mêmes ne promettent pas de révolution stratégique – assez irréaliste dans un pays dont 69 % des exportations vont vers l’UE, contre 9 % vers la Russie – mais un « rééquilibrage ». Seul le plan de M. Dodon pour la réintégration de la Transnistrie pourrait servir les intérêts à long terme de Moscou.

Mais ce résultat, dans un pays qui fut longtemps le bon élève de l’intégration européenne et a signé un accord d’association avec Bruxelles en 2014, est tout de même frappant. Qui plus est lors d’un scrutin loin de remplir tous les critères démocratiques.

La corruption sanctionnée par les électeurs

Cet échec des partis pro-européens est aussi celui de l’Europe elle-même, qui en porte une part de responsabilité importante. Lors d’un entretien au Monde en novembre, le président Dodon résumait ainsi l’équation : « Que pense un citoyen moldave quand il rentre dans un tribunal orné d’un beau drapeau européen et qu’on lui demande ensuite un pot-de-vin ? Ce sont les pro-européensqui ont affaibli l’idée européenne. »

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: