[ad_1]
EnquêteRéservé à nos abonnés
En 2018, la justice française a entendu ce cadre du groupe terroriste Al-Mourabitoune, interpellé en 2016 à la suite d’une série d’attentats en Afrique de l’Ouest. Il a livré un témoignage rare sur « l’industrie de la misère » qu’est devenu le djihad dans la région.
Sur la Toile, il n’existe qu’une seule photo de lui. Un de ces clichés blafards d’interpellation pris à la va-vite, dos au mur, entre sueur et torpeur. Sur cette image, il apparaît le visage bouffi, le regard las, vêtu d’un tee-shirt sale. Son nom, Fawaz Ould Ahmed, ne dira sans doute rien aux néophytes. Pas sûr non plus qu’il évoque grand-chose aux spécialistes du contre-terrorisme hexagonal.
Mais les experts de la bande sahélo-saharienne (BSS) savent, eux, que l’arrestation au Mali de ce djihadiste mauritanien, il y a presque trois ans, fut une sacrée prise de guerre. Ils tiennent là un témoin rare – et fiable – de ce qu’est devenu, en quelques années, le djihadisme le long de cet immense arc de brousse et de sable reliant la Libye à l’Afrique de l’Ouest : une véritable « industrie de la misère ».
Alors que l’un fondateurs d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), l’Algérien Djamel Okacha, a été tué par l’armée française, le 21 février, il existe aujourd’hui plein de Fawaz Ould Ahmed – alias « Ibrahim 10 », son nom de guerre – dans l’enfer illisible de la « BSS ».
Au moins six groupes aux alliances mouvantes, forts d’environ 2 000 combattants, sont engagés dans une entreprise multiforme de déstabilisation de cette zone. Sur la carte du terrorisme mondial, le Sahel est la seule terre de djihad où Al-Qaida et l’organisation Etat islamique (EI) sont alliées face à un ennemi commun, en l’occurrence les forces militaires françaises et africaines réunies sous les bannières de l’opération « Barkhane » et du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad).
Or, à 40 ans, « Ibrahim 10 » est un vétéran de cette guerre-là, un habitué du combat en zone désertique. C’est surtout un ex-haut cadre de l’organisation Al-Mourabitoune, un groupuscule actuellement replié sur le plateau de Timétrine, dans le nord-est du Mali, où sa centaine de combattants vivotent dans des campements de trois ou quatre véhicules, en adoptant les codes nomades pour ne pas se faire repérer.
Al-Mourabitoune a beau être sur le déclin, il demeure un des bras armés d’AQMI, déclinaison locale de sa maison mère. Fin 2016, ses membres ont encore enlevé Sophie Pétronin, dernière otage française détenue dans le monde. Une partie du groupuscule est par ailleurs exilée en Libye, où elle garde la mainmise sur les routes du trafic d’armes.
[ad_2]
Source link
Have something to say? Leave a comment: