Les étonnantes coutumes des rabbins sarajéviens

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DAMIR SAGOLJ POUR “LE MONDE”

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Sarajevo-Jérusalem (4/6). Dans la lignée du dernier rabbin yougoslave Cadik Danon, c’est toute une lignée de religieux, représentée aujourd’hui par Eliezer Papo et Igor Kozemjakin, qui prend des libertés avec les lois et traditions juives. Une vision du judaïsme proche de l’esprit de Sarajevo.

Igor Kozemjakin ne sait pas encore s’il sera ou non le prochain rabbin de Sarajevo. Le jeune homme s’inscrit en tous les cas dans une lignée de rabbins sarajéviens uniques sur la planète et qui, s’ils ont parfois été le cauchemar du Grand Rabbinat pour les libertés qu’ils prennent avec les lois et les traditions religieuses, incarnent, soutient l’actuel rabbin Eliezer Papo, « les vraies valeurs du judaïsme ».

Igor Kozemjakin est le jeune hazzan de Sarajevo qui officie chaque vendredi pour le sabbat en l’absence d’un rabbin à résidence. Eliezer Papo vit à Jérusalem et il est le rabbin « non résident » de la capitale bosnienne. Professeur de littérature ladino (la langue des Sépharades expulsés d’Espagne en 1492) à l’université Ben-Gourion du Neguev, il tente de venir à Sarajevo pour les principales fêtes juives, une fois pour Pessah, une autre fois pour Roch Hachana et Yom Kippour. Il n’y parvient pas chaque année, et cela ne perturbe pas outre mesure sa communauté.

Igor Kozemjakin officie chaque vendredi pour le sabbat, dans la seule synagogue toujours en activité à Sarajevo. Ici, le 11 mai 2019.
Igor Kozemjakin officie chaque vendredi pour le sabbat, dans la seule synagogue toujours en activité à Sarajevo. Ici, le 11 mai 2019. DAMIR SAGOLJ POUR “LE MONDE”

Réfugié à Split avec ses parents durant la guerre de Bosnie (1992-1995), Igor Kozemjakin repart seul à l’adolescence en Israël, « sioniste pur et dur », raconte-t-il, « absolument persuadé qu’Israël est le bon endroit sur Terre pour un jeune juif ». Eliezer Papo, déjà pratiquant durant son adolescence sarajévienne dans les années 1980, parlant le ladino et souhaitant apprendre l’hébreu, émigre en Israël peu avant le siège. La Fédération des communautés juives de Yougoslavie finance ses études rabbiniques. « J’étais un wahhabite juif », sourit-il en toute honnêteté.

« La prophétie du rabbin Romano s’est réalisée »

Le rabbin Papo et le hazzan Kozemjakin partagent aujourd’hui une approche du judaïsme plus proche de l’esprit de Sarajevo et s’inscrivent dans une longue lignée de rabbins sarajéviens pour le moins originaux. Eliezer Papo adore raconter l’histoire du rabbin Menahem Romano, qui n’était pas très content de la décision des responsables de la communauté juive, après la seconde guerre mondiale, d’offrir à la ville de Sarajevo, pour y mener des activités culturelles, la Grande Synagogue. Non seulement celle-ci avait été sérieusement endommagée par les nazis, mais ils pensaient qu’après l’Holocauste et la mort de dix mille juifs sarajéviens, une synagogue de taille plus modeste suffirait à la communauté.

La veille de l’inauguration du centre culturel, la municipalité transmet au président de la communauté une photo du monument réalisé par l’architecte Zlatko Ugljen en hommage aux juifs sarajéviens. Stupeur : le monument en forme de menorah, le chandelier juif, comporte six branches au lieu de sept. Le président va alors réveiller le rabbin au milieu de la nuit et lui montre la photo. « Et alors ? », demande le rabbin. « Le chandelier n’a que six branches. Ce n’est pas une menorah ! », lui montre le président. Le rabbin, de fort mauvaise humeur à la fois à cause du don de la Grande Synagogue et du réveil en pleine nuit, lui rétorque : « Eh bien, ce sera la menorah de Sarajevo ! »

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