Les doutes et les inquiétudes de Kaboul

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La recrudescence des violences rend les Afghans sceptiques sur les négociations de paix avec les talibans et l’organisation de l’élection présidentielle le 28 septembre.

Par Publié aujourd’hui à 06h19, mis à jour à 06h42

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Des bergers avec leurs moutons lors d’une vente dans un bazar de Kaboul, le 10 août.
Des bergers avec leurs moutons lors d’une vente dans un bazar de Kaboul, le 10 août. ANDREW QUILTY POUR “LE MONDE”

Farid Rezayi n’a attendu que vingt-quatre heures avant de revenir dans son épicerie faire remplacer les vitres. Elles ont volé en éclats sous le choc de l’explosion à la suite de l’attentat à la voiture piégée contre l’académie et le poste de police dans l’ouest de Kaboul, dans la matinée du 7 août. L’attaque, revendiquée par les talibans, a fait quatorze morts et 145 blessés, dont une majorité de femmes et d’enfants.

Lorsque l’explosion a retenti, à quelques dizaines de mètres de son magasin, l’homme de 20 ans était derrière son comptoir. « La poussière dans l’air m’empêchait de voir, dit-il d’un ton calme. Une fois qu’elle s’est dissipée, j’ai vu les blessés à terre. C’était le chaos. Tout le monde courait dans tous les sens. Pendant plusieurs heures, je n’entendais plus rien. J’ai eu de la chance de ne pas être dehors à ce moment-là. »

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Aujourd’hui, l’avenue qui borde le poste de police est toujours barrée. A l’ombre d’un mur de béton anti-explosions, dans la rue adjacente de l’académie, deux membres des forces spéciales afghanes se reposent. Ils ne sont pas rentrés chez eux depuis qu’ils ont été dépêchés sur les lieux de l’explosion, le 7 août.

« La veille aussi [dans la nuit du 6 au 7 août], nous nous battions contre les membres de Daech » [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique, EI], explique l’un d’eux, Mohammad Salehi, en serrant contre lui la kalachnikov pendue à son épaule. Il montre du doigt les nouveaux blocs de béton, marqués d’une croix, qui sont censés remplacer ceux détruits par l’explosion. « Il y en a dix-sept ou dix-huit, je ne sais plus », glisse-t-il, les cheveux couverts de poussière et la mine fatiguée par les nuits blanches.

Multiplication des attentats

En face des nouveaux blocs, des ouvriers vident à la pelle les décombres d’un bâtiment détruit qui accueillait jadis des services administratifs de la police.

« On a rempli le trou de cinq mètres creusé par l’explosion », explique le militaire de 28 ans, qui fait beaucoup plus vieux que son âge. Il a perdu sept de ses proches depuis la chute du gouvernement taliban en 2001, dans les combats ou dans les attentats, qui se sont multipliés ces dernières semaines.

Avec plus de 1 500 civils tués ou blessés dans le pays, le mois de juillet a été le plus meurtrier depuis mai 2017, selon les Nations unies (ONU). Des négociations pour aboutir à un cessez-le-feu, sont pourtant en cours depuis septembre 2018 entre les talibans et les Etats-Unis, à Doha, au Qatar. Le dernier cycle de pourparlers s’est clôturé le 12 août. Le gouvernement afghan reste pour le moment exclu de ce dialogue. L’ambassadeur américain à Kaboul, Zalmay Khalilzad, chargé de conduire les discussions pour Washington, espère que ce soit « la dernière fête de l’Aïd-el-Kebir où l’Afghanistan est en guerre ». Les talibans ont pour leur part jugé « utiles » les négociations.

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