Lamia Rahman, du Queens au rêve américain

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Lamia Rahman, fille d’un chauffeur de taxi immigré du Bangladesh, à Columbia University, où elle fait des études de médecine, le 10 juin.

HEATHER STEN POUR LE MONDE

Par

New-Yorkais(e)s (2/6). Fille d’un chauffeur de taxi venu du Bangladesh, la jeune femme a été soutenue par une association qui aide des familles pauvres à franchir le cap de l’université. Elle suit aujourd’hui des études de médecine à la prestigieuse université Columbia.

C’était un soir d’automne, de retour de l’aéroport de La Guardia. Dans un taxi jaune, ces taxis immortalisés en 1976 par Robert de Niro, dans Taxi Driver, le film de Martin Scorsese. « Agresser un chauffeur est puni de vingt-cinq ans de prison » : seul cet écriteau rappelle les temps anciens, ceux de la violence new-yorkaise, lorsque les junkies et autres drogués pouvaient tuer ou assassiner un chauffeur pour lui dérober quelques dizaines de dollars. Désormais, une vitre sépare les passagers du conducteur et on paie par carte de crédit.

Celui-ci ne s’appelle pas Travis, comme dans le film, mais Mohamed. Mohamed Rahman, immigré du Bangladesh qui nous raccompagne sur les voies défoncées menant à Manhattan. Allez savoir pourquoi, il nous prend pour un Allemand, et la conversation s’engage dans la langue de Goethe.

Aujourd’hui âgé de 63 ans, Mohamed Rahman travaillait dans les années 1980 à Francfort, en Allemagne de l’Ouest. Mais il rêve d’Amérique et postule au début des années 1990 à la loterie qui permet d’obtenir une carte verte et d’émigrer définitivement aux Etats-Unis. Bingo, direction New York avec son épouse. Pour ces immigrés relégués, l’East River, qui sépare Manhattan du Bronx et du Queens, est la frontière entre deux mondes. Le premier où un deux-pièces est loué 4 000 dollars (3 650 euros), où la garderie d’enfants coûte au bas mot 2 000 dollars par mois et l’assurance santé plus de 20 000 dollars par an. Le second, où l’on s’entasse dans des appartements minuscules pour quelques centaines de dollars, vivotant grâce à l’aide médicale et l’école publique.

Plus débordée qu’un ministre

Comment faire autrement, quand on sait que les chauffeurs de taxi ne gagnent que 32 000 dollars par an, quand les salaires moyens new-yorkais sont de 77 000 et ceux dans la finance de 420 000 ? « Vous vivez dans un logement social ? ». « Oh non », réplique Rahman, avec un ton de mépris pour ces logements insalubres, qui font la honte de la mairie de New York. On s’afflige pour cette population prisonnière à jamais de son district. Jusqu’à ce que Mohamed Rahman évoque sa fille. Fièrement. « Elle étudie la médecine à Columbia. Vous pouvez regarder sur Google. » Ainsi donc, la fille d’un chauffeur de taxi immigré du Bangladesh peut décrocher une place dans une des plus prestigieuses universités des Etats-Unis.

Le rêve américain existe encore, et l’on va essayer de le rencontrer. On farfouille dans les mails des étudiants de Columbia pour entrer en contact. A 21 ans, Lamia Rahman est comme tous les étudiants : plus débordée qu’un ministre, mais l’on finit par la retrouver sur les marches de la bibliothèque de Columbia, superbe bâtiment perché sur les hauteurs d’Harlem. Jeune femme élégante, maquillée, piercings et talons hauts, elle vit désormais sur le campus : « Je voulais aller à Columbia ; c’est la seule université de l’Ivy League à New York, [ces huit universités prestigieuses de la Côte est fondées le plus souvent avant l’indépendance américaine] et je voulais rester proche de la maison pour des raisons familiales. »

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