Ping-pong diplomatique aux Maldives

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China-Maldives Friendship bridge built by the Chinese. It is a popular walking and hangout spot for foreigners and locals alike.

Arko Datto pour «Le Monde»

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En 2013, la Chine a pris pied dans la république de l’océan Indien, créant des infrastructures démesurées, éclipsant New Delhi et provoquant une dette colossale. Mais depuis l’élection de 2018, Malé se détourne des appétits de Pékin, au profit l’Inde, son allié historique.

Les Maldiviens ne se lassent pas du spectacle. Jeté au-dessus de l’océan Indien, l’ouvrage de béton et de bitume est immense : quatre voies longues de 2,1 km pour les voitures, deux autres pour les piétons, une vingtaine de piliers massifs sur lesquels les vagues viennent se fracasser… En fin d’après-midi, lorsque la chaleur retombe, ils viennent en groupes s’installer sur les gradins érigés à l’entrée du pont, profiter du réseau Wi-Fi ou siroter une boisson non alcoolisée – l’islam est la religion d’Etat, et l’alcool illégal –, admirer les avions qui décollent en frôlant l’édifice ou, tout simplement, attendre la nuit, le regard parcourant l’océan.

Difficile d’ignorer à qui l’archipel doit ce Sinamalé Bridge, ou « pont de l’Amitié Chine-Maldives » : l’inscription trône en lettres lumineuses et en trois langues – mandarin, anglais et divehi – sur la porte d’entrée de l’édifice, une imposante arche bleue et blanche à l’architecture d’inspiration islamique. Sur la jetée, des pancartes jaunies et maltraitées par le vent font l’apologie – en mandarin et en anglais seulement – des travaux titanesques entrepris par Pékin aux Maldives. Ici, un programme de logements sociaux ; là, une nouvelle île gagnée sur les eaux. Une carte du monde vient aussi rappeler que les Maldives sont une pièce essentielle des « nouvelles routes de la soie », une étape incontournable de la liaison maritime que la Chine s’emploie à établir avec l’Europe. Même si, finalement, il est surtout question du pont, des exploits des ouvriers et des prouesses techniques des ingénieurs.

Le pont de l’Amitié entre la Chine et les Maldives a été construit par des entreprises chinoises. Son coût est vivement contesté par le président du Parlement et ex-chef de l’Etat, Mohamed Nasheed.
Le pont de l’Amitié entre la Chine et les Maldives a été construit par des entreprises chinoises. Son coût est vivement contesté par le président du Parlement et ex-chef de l’Etat, Mohamed Nasheed. Arko Datto pour «Le Monde»

A l’exception de quelques surfeurs qui ont vu leur spot favori dénaturé, on chercherait en vain, ici, un badaud pour critiquer ce monstre de béton. Ce pont est le premier, et l’unique, que compte l’archipel, cette myriade d’atolls et de lagons qui s’étend, océan compris, sur presque 90 000 km2, pour environ 420 000 habitants. Les touristes qui affectionnent le pays connaissent surtout les îles-hôtels de luxe construites à l’écart de la population, où ils paient plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’euros par nuit pour admirer les eaux turquoise et les récifs coralliens.

Le pont de l’Amitié Chine-Maldives, une révolution

Ce pont, la plupart des visiteurs étrangers ne l’emprunteront jamais. Ils rejoindront directement leur « resort » depuis l’aéroport, en bateau à moteur ou en hydravion. Pour les 153 000 habitants de Malé, l’étouffante et minuscule capitale des Maldives, et d’Hulhumalé, l’île artificielle abritant sa « banlieue », cet ouvrage est en revanche une révolution. Il y a encore un an, il fallait emprunter un ferry hors d’âge pour se rendre de l’une à l’autre. Désormais, il suffit de monter dans un des bus climatisés à deux étages, de marque chinoise, où l’on paie son trajet avec un système de carte magnétique dernier cri, ou de prendre un taxi pour la somme fixe de 100 rufiyaas (5,70 euros).

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