« S’il déployait le courage qu’il vante tant chez Churchill, Boris Johnson verrait bien plus loin »

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Cécile Dutheil de la Rochère, traductrice du livre de Boris Johnson « Winston. Comment un seul homme a fait l’histoire », décrit, dans une tribune au « Monde », l’actuel premier ministre britannique comme se fantasmant en Churchill du XXIe siècle.

Publié aujourd’hui à 05h00 Temps de Lecture 3 min.

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Boris Johnson sur le seuil du 10 Downing Street, à Londres, le 6 août 2019.
Boris Johnson sur le seuil du 10 Downing Street, à Londres, le 6 août 2019. TOLGA AKMEN / AFP

Tribune. Fin 2014, l’occasion m’a été donnée de traduire le livre de Boris Johnson consacré à Churchill : Winston. Comment un seul homme a fait l’histoire (Stock, 2015). Boris Johnson était alors maire de Londres. Sa notoriété commençait à dépasser les côtes de la Grande-Bretagne, et les épis de sa chevelure blonde ressemblaient déjà à ceux d’une girouette. Cinq années ont passé depuis. L’homme vient d’accéder au poste de premier ministre après avoir défendu la sortie du Royaume-Uni de l’Europe.

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Traduire est un poste d’observation privilégié : vous êtes en seconde main, puisque vous n’êtes pas auteur du texte original, mais vous êtes aux premières loges puisque vous pénétrez dans le grain de ce texte, pendant des semaines, des mois entiers. C’est une telle proximité que l’auteur, la personne, non seulement se révèle, mais se trahit. Ces lignes sont donc celles d’une traductrice, non d’une politologue ni d’une historienne, mais d’une traductrice éprise d’Europe, que rien dans les frasques, les revirements et les reniements passés et à venir de Boris Johnson n’étonne : nous avons vécu suffisamment longtemps en bonne intelligence textuelle.

Du bon côté de l’histoire

Winston. Comment un seul homme a fait l’histoire est un livre brillant, mais c’est autant le portrait de Churchill que l’autoportrait rêvé de Johnson. Je me souviens d’une légère gêne liée non pas à l’admiration de Boris pour Winston, mais à son identification à celui-ci. Il est vrai que les deux hommes ont beaucoup en commun : tories, excentriques mais très contrôlés, corpulents et dotés d’une « bouille » ; doués d’un sens inné de l’image ; anciens journalistes sachant enjoliver la vérité ; issus d’un mélange de vieille aristocratie anglaise et de sang étranger.

Mais la clé de la biographie écrite par Boris Johnson est l’année 1940, plus exactement le jour où Churchill, à Westminster, fut seul à avoir le courage de s’engager contre l’Allemagne nazie. Sa vie entière est envisagée à la lumière de l’instant où il se dressa contre l’ennemi au nom d’une Europe libre et d’un continent uni. Johnson rappelle qu’Hitler et les siens avaient le projet funeste de « transformer ce territoire en une version sinistre de l’Union européenne ». Il oppose donc très clairement deux types d’Union. Dans sa campagne pro-Brexit, il eut le culot de les assimiler. Il fit évidemment scandale, alors qu’il renversait lui-même ses arguments en faveur de l’Europe.

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