Aux Etats-Unis, un menuisier construit des milliers de croix en hommage aux victimes de fusillades

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Greg Zanis s’est rendu lundi sur les lieux des fusillades d’El Paso et de Dayton pour poser des croix en souvenir des victimes. Il en a construit plus de 26 000 depuis 1997.

Publié aujourd’hui à 11h58, mis à jour à 12h00 Temps de Lecture 2 min.

Greg Zanis prépare des croix blanches pour un mémorial improvisé aux victimes de la fusillade d’El Paso, au Texas, deux jours après la tuerie qui a fait 22 morts.
Greg Zanis prépare des croix blanches pour un mémorial improvisé aux victimes de la fusillade d’El Paso, au Texas, deux jours après la tuerie qui a fait 22 morts. John Locher / AP

Les scènes d’effroi se succèdent et se ressemblent pour Greg Zanis. Comme après chaque tuerie de masse, ce menuisier de 68 ans s’est rendu, lundi, sur les lieux des deux fusillades survenues les 3 et 4 août aux Etats-Unis, afin d’y construire un nouveau mémorial. Comme à chaque fois qu’un de ces drames endeuille l’Amérique, depuis vingt-deux ans. Trente et une croix ont été placées à Dayton (Ohio) et El Paso (Texas)… une pour chaque victime.

La sinistre routine recommence pour cet homme qui traversa déjà, deux ans plus tôt, le pays de Chicago à Las Vegas pour y installer des croix après la tuerie la plus meurtrière qu’a connue le pays : le 1er octobre 2017, un tireur isolé avait tiré, depuis sa chambre d’hôtel, sur 58 personnes participant à un festival de musique country en plein air. Greg Zanis était aussi là, en 1999, pour poser des croix après la tuerie du lycée de Colombine (13 morts), mais aussi après celle de l’école primaire Sandy Hook en 2012 (28 morts) ainsi que celle qui fit 49 morts au Pulse, un club gay, à Orlando, en 2016.

Greg Zanis est à lui seul un monument aux morts itinérant. « J’étais cette année à Virginia Beach, où une fusillade a eu lieu. Mais je me suis aussi rendu au New Hampshire lorsqu’un crash de motos a causé la mort de sept personnes », raconte à la chaîne texane KXAS-TV ce menuisier gréco-américain, qui prend la route à chaque grande tragédie impliquant des « morts soudaines ». Greg Zanis a déjà construit plus de 26 000 croix depuis 1997.

Sa motivation, cette dévotion pour des victimes qu’il n’a jamais rencontrées, il la puisse principalement dans sa foi, lui qui se décrit comme un fervent croyant. « C’est peut-être quelque chose que vous ne comprendrez pas, mais en tant que croyant, aujourd’hui est le jour de leur naissance [les victimes]. Ils sont maintenant au paradis pour l’éternité et auront la chance d’être à nouveau réunies avec les membres de leur famille », explique-t-il à KXAS-TV.

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Un homme embrasse la croix de sa femme décédée lors de la fusillade d’El paso
Un homme embrasse la croix de sa femme décédée lors de la fusillade d’El paso MARK RALSTON / AFP

Un engagement bénévole

C’est un drame familial, survenu vingt-deux ans plus tôt, qui a tout déclenché. Un meurtre par arme à feu qu’il raconte avec émotion à la chaîne texane : « J’ai perdu mon beau-père en 1996. Je l’ai trouvé dans une marre de sang au sous-sol, une balle dans la tête… »

Dans un reportage que le New York Times lui a consacré en février, le menuisier raconte que cet événement traumatisant lui a fait perdre une vingtaine de kilos et intégrer un groupe de soutien. Une femme du groupe lui propose alors 20 dollars pour faire une croix en mémoire de sa fille de 6 ans. Il refuse l’argent, mais réalise quand même la croix. Il répétera ensuite ce geste pour d’autres membres de son groupe de soutien ayant perdu des proches.

Greg Zanis précise payer de sa poche le coût des trajets et le matériel nécessaire à la construction des croix, même s’il reçoit aussi des donations par son association, Crosses for Losses. Les croix en bois font 1,20 mètre de haut et portent le nom de chaque victime, un numéro de série, la date et le lieu du décès, ainsi qu’une pièce en forme de cœur contenant un verset de la bible.

Bien que le menuisier soit devenu, au fil des années et des tueries, un habitué des médias nationaux américains (ABC, the Washington Post, the National Herald, etc.), il préfère opérer aussi discrètement que possible, de manière à être perçu comme quelqu’un d’accessible : « Les gens se sentent libres de m’appeler, quelle que soit la tragédie nationale qui se déroule », explique-t-il.

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