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Ralph Crane / Life Collection/Getty Images
RécitRéservé à nos abonnés
Indiens d’Amérique (2/6). En novembre 1969, des étudiants « de toutes les tribus » occupent l’îlot de la baie de San Francisco, revendiquant leurs droits. Cette action attire bientôt une foule de soutiens. En pleine guerre du Vietnam, Richard Nixon veut éviter l’usage de la force.
L’aube n’est pas encore levée, ce 20 novembre 1969, quand le chalutier quitte Sausalito pour se glisser dans la baie de San Francisco. Les étudiants se sont donné rendez-vous au milieu de la nuit dans un café proche du quai, le No Name Bar. Richard Oakes a rameuté ses camarades de l’université de Los Angeles. Le groupe est plus nombreux que prévu. Il faudra trois bateaux pour transporter les 89 premiers occupants, dont six enfants de 2 à 6 ans. Quarante minutes de traversée, le courant est fort, la nuit noire. Et voilà Alcatraz, l’île-prison, la forteresse dont on ne s’échappe pas, même si – légende ou histoire vraie – trois détenus y sont parvenus en 1962, à moins qu’ils ne se soient noyés, car personne n’a plus jamais entendu parler d’eux.
L’île est surnommée le «Rock ». C’est un caillou en effet, de 9 hectares, sur lequel l’armée a érigé un fort, puis une prison militaire en 1907, avant de la remettre à la justice civile en 1934. Al Capone y a été incarcéré et quelques-uns des criminels les plus endurcis de l’époque. En 1962, Bob Kennedy, ministre de la justice, a décidé de la fermer. Trop chère ; il faut tout acheminer par bateau. Le 21 mars 1963, les derniers détenus ont été transférés sur le continent, menottes aux poignets.
Depuis, les pouvoirs publics tergiversent sur le sort du rocher. La municipalité de San Francisco penche pour le projet de casino-resort du pétrolier texan Lamar Hunt. Le cercle des Sioux de San Francisco a une autre idée : revendiquer l’îlot au nom du traité de Fort Laramie de 1868. Celui-ci prévoit que les tribus sont en droit de réclamer les terres « en surplus » : celles que le gouvernement des Etats-Unis n’occupe plus. A la bibliothèque de Berkeley, les étudiants ont retrouvé un exemplaire du traité. L’idée a germé.
Vestes à franges et bandanas
En cette fin 1969, la jeunesse indienne est en ébullition, comme le reste du pays, déchiré par la guerre du Vietnam. Pour les « natives », c’est une question de survie. Depuis 1953, le gouvernement américain mène une politique dite de « termination » : de fermeture des réserves. Il veut vendre les terres et assimiler enfin, les Indiens. Argument : les réserves sont dans un état de dénuement catastrophique. L’espérance de vie est de vingt ans inférieure à la moyenne nationale, le chômage dix fois plus important. Il se trouve aussi que l’industrie minière s’agace que le sous-sol, qui recèle plus de richesses qu’on ne croyait (les tribus de l’Ouest contrôlent un tiers du charbon et 80 % de l’uranium), reste peu exploité. Les Indiens sont encouragés à quitter les réserves. On leur donne un aller simple vers l’un des centres de relogement, une allocation de 140 dollars par mois. Et un réveil, comme pour leur rappeler qu’il est temps de se mettre au travail. Sur 764 000 natives, plus de 100 000 prennent le chemin des villes, soit plus que pendant l’exode forcé du Trail of Tears (1831-1837).
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