« Au Burkina Faso, les groupes armés ont trouvé un “maillon faible” »

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Alors que la crise sécuritaire s’aggrave dans le pays depuis 2015, le spécialiste de l’Afrique de l’Ouest souligne la diversité des facteurs qui mènent les individus à la violence au sein des groupes djihadistes ou des milices d’autodéfense.

Propos recueillis par Sophie Douce Publié aujourd’hui à 11h36

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Rinaldo Depagne, en 2014.
Rinaldo Depagne, en 2014. International Crisis Group

Attaques terroristes, enlèvements, conflits intercommunautaires… Au Burkina Faso, le bilan humain ne cesse de s’alourdir avec plus de 340 morts comptabilisés depuis 2015. Spécialiste et directeur de projets pour l’ONG International Crisis Group pour l’Afrique de l’Ouest, Rinaldo Depagne analyse les causes et les enjeux de la crise sécuritaire dans ce pays.

Comment définir la situation actuelle au Burkina Faso ?

La vitesse de la dégradation sécuritaire et le niveau des violences sont inédits dans l’histoire de ce pays. Il semble que les groupes armés aient trouvé au Burkina une sorte de « maillon faible » leur permettant de déclencher des insurrections rurales au Sahel. Ils visent principalement les zones frontalières, près du Mali et du Niger, où ils sont déjà solidement implantés. En un an, dans l’est du Burkina, nous sommes passés d’assauts sporadiques à des attaques régulières meurtrières. Dans le nord, les violences se sont étendues du Soum à d’autres provinces, telles que la Kossi ou le Sourou. Pour la première fois, les troubles se déroulent dans les campagnes, alors que, jusqu’à présent, ceux-ci touchaient surtout les centres urbains, qu’il s’agisse des révoltes de 1966 et de 2014 ou des coups d’Etat des années 1980.

Comment expliquer que le Burkina, longtemps épargné par les groupes djihadistes, soit devenu un terrain d’expression de cette violence ?

Le président Blaise Compaoré [1987-2014] avait privilégié la négociation avec les groupes armés qui, à l’époque, étaient surtout actifs au Mali. Son régime leur apportait de l’aide ou fermait les yeux sur leurs trafics, en échange de quoi ils n’opéraient pas sur le sol burkinabé. Le gouvernement de Roch Marc Christian Kaboré, installé après la transition, fin 2015, semble moins enclin à collaborer avec les groupes radicaux, désormais plus dispersés, moins hiérarchisés et, pour certains, endogènes. Il est aussi plus compliqué d’établir des contacts et de maintenir des relations avec ces groupes qui n’ont ni chefs identifiés ni revendications claires. Par ailleurs, le régime actuel a hérité d’un appareil sécuritaire fragilisé et divisé.

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Ces faiblesses se sont révélées lors des mutineries de 2011, qui avaient donné lieu à la radiation de plus de cinq cents membres des forces de sécurité. Elles ont ensuite été accentuées par le départ de Blaise Compaoré, puis par le coup d’état manqué de 2015. A la chute de l’ancien président [à la suite d’une insurrection populaire en 2014], la structure des renseignements, qui reposait sur le général Gilbert Diendéré, s’est délitée. Aujourd’hui, le gouvernement a choisi une réponse militaire forte et plus répressive, mais son manque d’organisation ne lui permet plus d’imposer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire.

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