En Côte d’Ivoire, une mosaïque de populations fragile

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Compganie de bus SONEF au départ de Bamako à Faladié.

Camille Millerand / Divergence pour «Le Monde»

Par Cyril Bensimon

Alors qu’un quart de ses habitants sont de nationalités étrangères, principalement bukinabée, le pays s’érige en laboratoire du vivre-ensemble. La région cacaoyère de la Nawa, avec ses conflits fonciers et les manipulations politiques, peut à tout moment se transformer en poudrière.

Une pure merveille, ce chopper Original Bravo-S et ses 125 cm3. Sur la piste ocre, la petite moto noire se joue des ornières, slalome entre les cacaoyers, tient en équilibre sur un pont pas plus large qu’une latte de parquet, évite sans déraper les poules prêtes à s’aventurer sous ses roues. Est-ce son compteur kilométrique bloqué depuis des lustres sur 666 qui lui donne cette précision diabolique, ou bien plutôt son redoutable pilote ? Au guidon, Noël Kaboré connaît chaque plantation, chaque village, de cette route qui quitte la ville de Méagui pour s’aventurer jusqu’au parc national de Taï.

La Nawa est le paradis du cacao, et si la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de petites fèves brunes, cette région du sud-ouest du pays est l’épicentre de sa culture. A elle seule, elle serait le quatrième producteur mondial. Sa culture est vitale pour l’économie du pays. Dans cette zone où la forêt primaire a été avalée pour être transformée en un immense verger, on scrute les fluctuations du cours de cette matière première et les soubresauts du secteur avec attention. L’argent généré est ici le meilleur ciment entre les communautés autochtones et celles venues du Nord, de l’Est ou des pays sahéliens, attirées par les promesses de cette terre fertile.

Méagui est une ville poussiéreuse aux allures de cité du Far West du temps de la ruée vers l’or. De grandes fortunes libanaises tiennent une partie du négoce des fèves avec les multinationales qui viennent s’approvisionner au port de San Pedro, plus au sud ; des boutiquiers mauritaniens ou sénégalais se chargent du petit commerce. Mais, ici, « la ville est pour les Burkinabés. Sur cent personnes, nous sommes peut-être quatre-vingt-cinq », avance Noël Kaboré. Ces chiffres sont peut-être exagérés, mais ils témoignent de l’attractivité de cette région.

Le domaine foncier n’appartient qu’aux nationaux

Noël Kaboré, 44 ans, s’y est installé il y a vingt ans. « Avant ma naissance, mes parents sont partis à l’aventure du Burkina Faso pour la Côte d’Ivoire, pour chercher de quoi aider la famille », raconte-t-il. Sa famille s’installe à Abidjan, dans le quartier populaire et multiculturel de Treichville. Il fera sa scolarité à Ouagadougou, jusqu’au 15 octobre 1987 : « Le jour de l’assassinat de notre président, Thomas Sankara, qui m’a tellement marqué que je n’ai plus eu le cœur d’aller à l’école. » Un premier emploi dans une blanchisserie, puis retour à Abidjan. « En grandissant, j’ai vu que mes parents n’avaient pas les moyens de préparer notre avenir, alors je suis venu à Méagui pour rejoindre un vieux de la famille, relate-t-il. En 2009, après une expérience de chauffeur poids lourd, j’ai acheté deux hectares pour y faire pousser du cacao. »

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