Claudia Andujar, une photographe à toute épreuve

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SAO PAULO, BRESIL -  24 JUILLET 2019: La célèbre photographe brésilienne Claudia Andujar pose pour un portrait dans son appartement de São Paulo. Andujar a consacré des décennies de sa vie à la documentation photographique des peuples autochtones brésiliens, en particulier du groupe ethnique Yanomami. Elle aura une exposition individuelle à la Fondation Cartier à Paris en décembre 2019. (Photo: Victor Moriayama pour Le Monde).

Victor Moriyama pour Le Monde

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Sur les traces de Claudia Andujar (1/6). La photographe et militante brésilienne, célébrée en décembre prochain par la Fondation Cartier, à Paris, a connu une trajectoire vertigineuse : née en Europe centrale, elle a vécu, entre autres traumatismes, sous la férule des nazis, avant de trouver refuge en Amérique du Sud.

La minuscule photo est enfouie parmi les albums décatis de l’entre-deux-guerres, nichée entre mille et un souvenirs de ses innombrables séjours chez les Yanomami, tribu indigène de l’Amazonie, à qui elle a dédié sa vie et son art. Au vingtième étage d’un immeuble moderniste de l’avenue Paulista, à Sao Paulo (Brésil), Claudia Andujar, 88 ans, marche avec difficulté, mais le souvenir de son premier amour est intact. Il surgit là, sur ce petit cliché jauni qu’elle tient du bout de ses doigts tremblants. C’est un portrait minuscule, d’environ 2 cm sur 2 cm qu’elle a longtemps conservé autour du cou. Un visage adolescent aux cheveux noirs de jais. Un garçon, presque un homme, décidé à embrasser l’amour, mais prêt, aussi, à affronter la mort. « Il s’appelait Gyuri, dit-elle. Il portait l’étoile jaune. »

Ce flirt adolescent en pleine seconde guerre mondiale, dans une ville anonyme entre Hongrie et Roumanie, dit tout du parcours vertigineux de Claudia Andujar, considérée aujourd’hui comme une des grandes photographes de notre temps. Une femme dont l’action et les images ont accompagné les luttes des populations autochtones du Brésil, ce pays où elle réside depuis plus de soixante ans, qui l’a adoptée, et où elle entend reposer à jamais. Son œuvre est reconnue partout, à Sao Paulo, Londres, New York, Berlin. Et à Paris, où elle fera l’objet d’une grande exposition à la Fondation Cartier en décembre.

Ses photos sont célèbres, celle de Gyuri est méconnue. Dans ce portrait résident pourtant les blessures passées qui donneront à la femme la rage de mener un combat quarante ans plus tard, pour empêcher le génocide des indiens Yanomami. « Claudia s’est toujours sentie coupable de n’avoir pu sauver sa famille et ses proches », confie son ami Carlo Zacquini, missionnaire catholique, italien, débarqué en Amazonie dans les années 1960 et compagnon de lutte de Claudia Andujar pour la défense des Yanomami.

Claudia Andujar, dans son appartement de Sao Paulo, le 24 juillet 2019
Claudia Andujar, dans son appartement de Sao Paulo, le 24 juillet 2019 Victor Moriyama pour Le Monde

L’imaginaire comme refuge

Pour comprendre ce destin, il nous faut parler de la mère, Germaine Guye, une Suisse de Neuchâtel. La préceptrice protestante s’installe, dans les années 1920, à Nagyvarad, petite ville de Transylvanie ballottée, au gré des traités, entre la Hongrie et la Roumanie – aussi appelée Oradea, la commune est aujourd’hui roumaine. Employée par une famille d’entrepreneurs juifs ashkénazes, elle est séduite par Siegfried Haas, l’un des fils du patron. Ils s’aiment, s’épousent, ont une fille. Claudia Andujar naît Claudine Haas, en 1931, à Neuchâtel, en Suisse.

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