Le mystère Mohammed VI, techno-monarque à la tête d’un Maroc plus inégalitaire que jamais

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Le fils d’Hassan II fêtera le 30 juillet vingt années de règne sur un pays modernisé mais marquées par des tensions sociales permanentes.

Par Publié hier à 04h29, mis à jour hier à 15h28

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Le roi du Maroc, Mohammed VI, lors de l’inauguration d’une ligne de train à grande vitesse à Rabat, en novembre 2018.
Le roi du Maroc, Mohammed VI, lors de l’inauguration d’une ligne de train à grande vitesse à Rabat, en novembre 2018. FADEL SENNA / AFP

Ce roi est discret comme un souverain scandinave. On ne le voit pas tous les soirs au journal télévisé. Il ne donne pas d’entretien à la presse. Son portrait orne toutes les boutiques et toutes les administrations du pays, mais souvent plus effacé qu’imposant. Cet homme est pourtant omniprésent : le Maroc d’aujourd’hui porte la marque des vingt ans de règne de Mohammed VI.

Son père, Hassan II, incarnait une monarchie exhibitionniste. Il aimait se montrer. Sa vie privée faisait partie de ses jardins secrets, mais il s’affichait volontiers en public dans les tenues les plus disparates – burnous traditionnel, costumes coupés au cordeau et cintrés à la taille, tenue de joueur de golf accompli, militaire, cavalier et autres fantaisies de millionnaire.

Mohammed VI, 55 ans, fuit la lumière. A la tête d’un pays de 35 millions d’habitants, il incarne une monarchie technocrate : style plus apaisé, feutré, moins « glamour ». Plus important encore, roi depuis 1999, « M6 », comme on l’appelle communément ici, a soldé ces années de plomb, de 1961 à la décennie 1980, où le Maroc subissait le despotisme d’Hassan II.

Homme réfléchi, décidé, impatient

Mais il ne faut pas se tromper. « M6 » assume pleinement son mode de gouvernance : la monarchie exécutive. Son leadership est plus affirmé que jamais. Dans la typologie des monarchies, celle du Maroc appartient à la catégorie opérationnelle – à 100 %. Le patron de l’exécutif, c’est lui, le roi, adoubé, en ces terres musulmanes, du titre de « commandeur des croyants ». Le bilan de ces vingt ans, qui ont durablement transformé et modernisé le Maroc, sur fond d’inégalités abyssales et de tensions sociales permanentes, porte sa signature.

A l’est, l’Algérie vit dans la tourmente politique et la Tunisie traverse une phase de consolidation démocratique difficile. Au sud, l’Afrique sahélienne est ravagée par le gangstero-djihadisme. Même les plus critiques de la monarchie marocaine reconnaissent son rôle de stabilisateur politique. L’Etat existe ici, depuis quatre siècles au moins – du fait de l’institution monarchique.

A la mi-juillet, peu de drapeaux pavoisaient les murs ocres qui cernent, en plein Rabat, le vaste périmètre du palais royal. M6 devait être ailleurs, peut-être au Nord, dans son palais de Tanger qu’il affectionne en été. Euphémisme : ce roi ne vit pas dans l’austère simplicité d’un souverain scandinave. Sa manière déconcerte. Ces dernières années, on le disait souvent absent. Il séjournait en France, notamment. Pour donner des nouvelles, il pratiquait volontiers le « selfie ». Ses services de communication publiaient des photos sur Facebook. Le Maroc est très « connecté » : téléphone mobile omniprésent et 20 millions de Marocains sur les réseaux sociaux. Pourtant le Makhzen, l’institution monarchique au sens large, reste un monde secret et opaque, source de mille et un fantasmes. Sans la presse espagnole, on ignorerait peut-être encore que le roi est séparé de sa femme ou qu’il a subi à l’hiver 2018 une légère opération cardiaque.

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