Tarik Oualalou, l’architecte franco-marocain qui invite à réhabiter le monde – JeuneAfrique.com

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Le Franco-Marocain Tarik Oualalou défend une approche de l’art de construire qui réinvente la manière d’habiter et d’être au monde.


Tarik Oualalou a beau avoir étudié en France puis enseigné aux États-Unis – à la Rhode Island School of Design –, il clame haut et fort qu’il reste « un vrai Rabati ». C’est en septembre 1995 que le fils de Fathallah Oualalou (ancien maire de Rabat et ex-ministre des Finances sous Hassan II puis Mohammed VI) débarque en France pour des études en architecture aux Beaux-Arts, agrémentées d’un cursus en histoire de l’archéologie à l’École du Louvre et en ingénierie à l’École nationale supérieure des arts et métiers.

Plus de vingt ans après, il est, avec sa compagne américano-­coréenne, Linna Choi, à la tête d’un cabinet d’architecture fondé en janvier 2002, basé à Paris et à Rabat. Chez Oualalou + Choi, on s’attache à ce que l’architecte retrouve un rôle essentiel dans la conduite de projets. Un rôle qui revient à prendre en compte le passé, le présent mais aussi le futur de tel ou tel ouvrage. Et ce, à travers une réflexion sur l’urbanisme, la réinvention et la décolonisation de ­l’approche patrimoniale.

Intersection

Pour Tarik Oualalou, qui est inscrit à la fois à l’Ordre des architectes de France et à celui du Maroc, l’architecture doit réinventer une manière d’habiter et d’être au monde face aux bouleversements à venir. Ainsi, avec sa compagne, ils n’ont de cesse de penser, de théoriser, d’imaginer un certain idéal architectural qui pourrait être en mesure de répondre à d’effroyables prédictions : d’ici à 2040, la planète comptera 3 milliards d’urbains supplémentaires (ONU-Habitat, 2018).

Le Maroc est une intersection. Tout ce que l’on y construit a une résonance tant sur le continent africain qu’en Occident

Parmi ces urbains, 1,3 milliard vivront en Afrique. « Aujourd’hui, ce continent est vide, même s’il est sillonné de toute part. Si ce vide devient peuplé avec le même niveau d’organisation, on aura un problème. » Profondément attaché à Rabat, l’architecte de 42 ans affirme que son travail est tourné vers l’Afrique. De plus, il considère que le Maroc est le « nord du sud » et le « sud du nord ». « Le Maroc est une intersection. Tout ce que l’on y construit a une résonance tant sur le continent africain qu’en Occident », affirme celui qui considère son pays de naissance comme « un lieu d’inventions absolument unique ».

Tarik Oualalou et Linna Choi. © Charlotte Valade

En 2018, le cabinet Oualalou + Choi ­enregistre un chiffre d’affaires d’un peu moins de 5 millions d’euros contre 4,2 millions en 2017. L’agence compte 27 employés à Paris et une douzaine à Rabat pour des projets plutôt singuliers, des lieux et des réalisations complexes, tant institutionnels qu’associatifs, etc. L’apprentissage et la compréhension des limites de son métier sont le fer de lance des travaux de Tarik Oualalou.


Les grands chantiers en cours :

• Le pôle urbain de Mazagan

Mazagan est un projet de ville conçu pour 150 000 habitants, située entre El Jadida et Azemmour, en cours de réalisation. « C’est une expérience de ville déconnectée du réseau. On fabrique tout : une grande université, des incubateurs, un musée, des habitations, etc. Les premières maisons seront construites d’ici à fin 2020 », renseigne Tarik Oualalou. Démarré il y a deux ans, ce projet urbain est cofinancé à hauteur de plusieurs milliards de dirhams par le Royaume du Maroc et l’Office chérifien des phosphates (OCP), réunis au sein de la société d’aménagement SAEDM.

• L’hôtel Lincoln

L’agence Oualalou + Choi a été choisie pour mener un projet de préservation et de valorisation du centre-ville de Casablanca, porté par le groupe Réalités, et notamment par sa filiale de promotion immobilière Réalités Afrique. Parmi les chantiers en cours, on trouve la restauration et la reconstruction de l’hôtel Lincoln, inscrit au répertoire du patrimoine national et actuellement en ruine. « C’est un projet de restauration mais aussi d’invention. Même s’il s’agit d’un bâtiment patrimonial colonial, on agit dessus de façon décolonisée. » La fin des travaux est prévue pour 2022. Coût : 150 millions de dirhams marocains.

• Le monastère de Toumliline

C’est dans le Moyen Atlas que se trouve le monastère de Toumliline. Construit dans les années 1950, il a été, chaque été, le lieu de réunion d’intellectuels et de penseurs pendant une quinzaine d’années. « On s’occupe de la réhabilitation en cherchant à faire revivre cet esprit de dialogue et d’échange entre les communautés. » Tarik Oualalou et Linna Choi ont monté le projet avec CO², leur propre association. « Il s’agit aussi d’un projet académique mené avec les étudiants de l’école d’architecture du Massachusetts Institute of Technology (MIT), où Linna et moi enseignons. »

• Le centre culturel marocain à Paris

Voulus et financés par le royaume chérifien, les travaux du centre culturel marocain ont repris en juillet 2018 après six mois d’arrêt pour cause de fouilles archéologiques. Aussi, l’établissement devrait être achevé dans le courant de l’année pour une inauguration prévue en 2020. Situé à Paris, au 115, boulevard Saint-Michel, le terrain, racheté par le Maroc, jouit d’une relation des plus étroites avec le royaume depuis le début des années 1930. « Le lieu a été donné par l’État français aux représentants des syndicats étudiants du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie. Et dans les années 1960, il est devenu le siège de l’Unem (Union nationale des étudiants du Maroc). »

Le centre culturel marocain à Paris. © Oualalou + Choi



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JeuneAfrique

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