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L’institution préfère traiter les affaires en interne dans le cadre du droit canon, minimisant les risques de dénonciations publiques.
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Les faits allégués remontent à 1998, Michal Gatchalian avait alors 17 ans. Devenu depuis avocat, il n’a pas renoncé à dénoncer les attouchements que lui et au moins deux autres adolescents ont subis à l’époque. Ils étaient alors enfants de chœur à la Basilica del Santo Niño, à Cebu, où il vit encore. Dans son lycée religieux, il fallait choisir entre cette activité périscolaire ou le scoutisme.
L’Eglise est omniprésente dans la vie de l’archipel de 105 millions d’habitants, dont plus de 80 % de catholiques. La ferveur religieuse y est bien plus vive qu’en Europe et l’institution est incontournable dans l’éducation, dans la gestion des hôpitaux, dans la distribution d’aide humanitaire lors de catastrophes naturelles ; l’archidiocèse de Manille détient aussi 8 % d’une des plus grandes banques du pays.
Il est difficile de dénoncer un membre d’une institution si influente. D’ailleurs, à sa connaissance, Michal Gatchalian est la seule personne à porter et évoquer publiquement des accusations d’abus sexuel contre un membre du clergé aux Philippines. Lors de la projection d’un film, le père Apolinario Mejorada lui a caressé les parties génitales, comme il l’a refait lors d’une sortie sur l’île proche de Bohol.
Dans les semaines qui suivront, le même prêtre a tenté d’écarter sans explication les trois jeunes des activités religieuses. Ces derniers prennent ainsi conscience qu’ils ont chacun subi les mêmes attouchements. Ils les dénoncent aux supérieurs du diocèse, qui proposent aux jeunes un arrangement : chacun recevra 120 000 pesos, l’équivalent de 2000 euros, une somme colossale pour des jeunes de Cebu. L’Eglise s’engage à éloigner Apolinario Mejorada de cette basilique et à ce qu’il ne travaille plus au contact de mineurs là où il sera muté.
Michal Gatchalian n’ose pas en parler à ses proches, il est pétri de honte, craint de porter celle-ci sur toute sa famille, et d’entraver les projets de son frère, alors au séminaire de la même communauté, si l’affaire est ébruitée. « Mais le montant était élevé, et mon père a commencé à me demander d’où je sortais cet argent, se souvient-il. J’ai donc dû leur dire ce qu’il s’était passé. »
Un été, peu après l’accord, Michal Gatchalian est surpris : il apprend de ses amis que le père Mejorada est de retour. Un après-midi, il le croise en passant devant l’Eglise. Il craint que d’autres adolescents subissent plus tard les mêmes abus parce que lui n’aura pas agi, et veut aussi se libérer du poids de cette affaire. « C’est alors que j’ai commencé à écrire des lettres, à demander une audience avec un cardinal, à exiger une enquête. » Malgré ses proches qui lui disent qu’il risque surtout d’embarrasser la communauté. L’Eglise organise des séances de conciliation, où l’on répète à M. Gatchalian qu’il doit absolument pardonner.
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