« J’ai le même âge que le journal »

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« Le Monde » et moi. A l’occasion des 75 ans du quotidien, l’écrivain franco-grec se souvient de la première fois où il est entré dans l’immeuble du journal, alors situé rue des Italiens, à Paris.

Par Publié aujourd’hui à 06h00

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Vassilis Alexakis en 2013.
Vassilis Alexakis en 2013. Wikipedia

« Le Monde a 75 ans ? J’ai le même âge que le journal, alors. Evidemment, ce n’est qu’une première étape pour le quotidien. Pour moi, c’est plutôt le commencement de la fin. J’aurais du mal à monter les cinq étages à pied, comme quand j’ai franchi pour la première fois, le perron de la rue des Italiens, sous la grande horloge.

C’était en 1969. J’avais contacté Claude Julien, alors chef du service étranger, pour solliciter des piges. Il m’a orienté vers Jacqueline Piatier qui dirigeait « Le Monde des livres ». C’était une dame qui semblait un peu sévère au jeune homme que j’étais. Elle m’a demandé si j’avais lu Don Quichotte… « C’est de là que vient toute la littérature moderne », m’a-t-elle expliqué. Je crois que j’ai fait le plus gros mensonge de toute ma vie, car je n’osais pas avouer mon inculture. Je l’ai lu trente ans plus tard et je me suis aperçu qu’elle avait raison : toute la littérature moderne vient du livre de Cervantès.

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J’ai toujours été surpris par la facilité avec laquelle j’avais été reçu, moi un Grec qui arrivait à Paris. J’étais diplômé de l’école de journalisme de Lille, mais je craignais qu’on doute de ma connaissance du français. J’ai longtemps pensé que c’était à cause de la pitié pour un jeune opposant au régime des colonels [la Grèce a été dirigée par une junte militaire de 1967 à 1974]. Mais en fait, c’est parce que nous avions pratiquement le même âge, le journal et moi [Vassilis Alexakis est né le 25 décembre 1943, il a quelques mois de plus que… Le Monde]. Je n’ai jamais été aussi heureux qu’en sortant du Monde, ce jour-là. J’étais comme un séminariste qui voit enfin Saint-Pierre de Rome !

Pendant la dictature des colonels

Le Monde était déjà très prestigieux en Grèce. On le lisait quand on le trouvait pendant la dictature des colonels. On le traduisait à des amis qui ne parlaient pas français. C’était une ouverture pour savoir ce qui se passait dans l’appartement voisin. C’était notre journal.

Grâce à Jacqueline Piatier, j’ai pu réaliser des enquêtes sur la bande dessinée ou même l’occultisme et j’ai réalisé des grands entretiens avec le poète italien Giuseppe Ungaretti. J’ai été émerveillé par les connaissances de Roger Caillois. J’ai fait le premier entretien du Monde avec San Antonio-Frédéric Dard, en 1970. Plus tard, je lui ai demandé une lettre de recommandation. Il l’a rédigée en expliquant que la France devait beaucoup à la Grèce ! J’ai même pu écrire des billets humoristiques, en dehors du « Monde des livres ».

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