Kaya dépi lésiel: «Zenes, fer to zefor pou kraz Babylone»

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Je m’appelle Elijah. Je suis né le 21 février 1999. Oui, je suis arrivé au monde le jour même où Kaya fermait les yeux pour toujours. Je ne l’ai pas connu de son vivant et, comme bien de jeunes de vingt ans, c’est un des regrets que j’aurai toujours. Il m’a beaucoup inspiré et je peux dire que sa musique m’accompagne depuis mon enfance. Je suis Elijah mais je ne me prends pas pour Dieu. Mais j’aurai aimé être comme Kaya. Hier soir, j’ai rêvé de lui et j’ai pu enfin lui parler…

Kaya, tu sais depuis quand je rêve de te parler ! Que deviens-tu ?
Je ne vais pas trop mal. Je m’occupe. Tu sais, il y a un paradis pour les musiciens. On ne meurt jamais. Je suis bien là où je suis et je continue à faire la musique que j’aime. Mo fer bann anges dans ek sant seggae !

Justement, Kaya, dis-moi, le paradis existe-t-il ?
(Rires) Si ça existe ! Bien sûr que le paradis existe. Mais je vais te dire un truc : le paradis est en nous. Il est dans notre coeur. Et il dépend de nous pour faire de notre vie un paradis ou un enfer. L’enfer, je l’ai vu, aussi. Crois-moi, ce n’est pas beau. Twa zenes, to bizin fer to zefor pou kraz Babylone. Reste loin de la décadence et de la corruption qui gangrènent toujours notre société.

Tu crois que ton message de paix et d’espoir a toujours de l’importance vingt ans après ton départ ?
«Sa mem simé tonn montré mwa, sa mem simé ki mo pou pasé ; sa simé la li al laba mem, sa mem simé ki mo pou pasé ; sa mem simé to finn met mwa, sa mem simé dir pou pasé ; sa simé la simé la limière, sa mem simé ki bizin pasé…» Je sais que tu écoutes mes chansons. Donc, tu as ta réponse… La lumière, va vers la lumière.

«Lavi li enn karma… Sa ki tonn seme, to pou rekolte.»

Kaya, es-tu amer d’être parti trop tôt ?
(Il réfléchit) Amer… Non. Je ne suis pas amer. Bien sûr, mo ti pou kontan al zwenn Jah inpé pli tar ! (rires) J’avais encore beaucoup de choses à donner au monde. Beaucoup d’amour à donner à ma famille, à mon fils, ma fille, ma femme, mes fans. J’étais en colère, au début. Contre tout. Contre le destin, la fatalité, la bêtise humaine… Je ne veux plus revenir sur cela. Jah avait sans doute besoin de moi… Tu sais, il ne sert à rien de garder de l’amertume. Mais souviens-toi, Elijah, lavi li enn karma… Sa ki tonn seme, to pou rekolte.

As-tu des regrets ?
Oui. Beaucoup. J’aurai aimé être parmi vous, à participer à des combats qui me tiennent à coeur.

Lesquels ?
Tu sais, j’ai toujours combattu la discrimination. Toutes sortes de discrimination. Mais, surtout, celle qui affecte toujours mes frères et soeurs de la communauté rasta. Dimounn ankor ena prezize kont bann Rasta. Pourtant, nous sommes des gens pacifiques. Nous revendiquons simplement le droit de pratiquer un mode de vie qui nous est propre. Pourquoi continue-t-on à taper sur du rasta ? Nous ne sommes pas seulement des gens qui ont une coiffure différente ou ki fim mas !

Tu parles du gandia. Tu as toujours revendiqué ton droit de fumer…
Écoute. Le rastafarisme est une plus qu’un mouvement mystique. C’est aussi un mode de vie. Tous les Rastas ne fument pas. Tout comme le port des dreadlocks ne fait pas de toi automatiquement un Rasta. Le contraire est vrai : un Rasta peut aussi ne pas porter de dreads. C’est une question de croyance et de culture. Pour revenir au gandia, le débat sur le sujet, que je suis depuis le ciel, est toujours aussi vivant à Maurice. Toute chose prise en excès va forcément nuire à ta santé, sans compter les autres problèmes qui viennent avec. Je crois qu’il est temps d’avoir un vrai débat de société sur le sujet, sans hypocrisie et sans oeillères.

Que penses-tu de la prolifération de drogues dures dans le pays ?
En vingt ans, le phénomène a pris de l’ampleur. Aster, mem zanfan lekol pe fim simik, kouma to apel sa ?… Sintétik ! Je dirai ceci aux jeunes : pa al lor sa larout la. Ena lamor ladan. Les autorités doivent tout faire pour sauver notre jeunesse de cet enfer.

Justement, Kaya, que souhaites-tu dire aux jeunes ?
Al lekol ek met latet dan létid ! Je suis choqué de la perte de valeurs dans mon pays. Bann zenes, la première personne que vous devez respecter, c’est vous-même. Viennent ensuite vos parents, vos profs, et le reste de la société. To bizin respekte dimounn pou ki dimounn respekte twa. Il faut aller à l’école. Le passeport pour sortir de la précarité reste l’éducation. Le système n’est pas parfait mais, au lieu de se plaindre, mo konsey zot adapte ar li ek manz ar li for-for. Jeune, sans éducation, sans diplômes, tes chances d’avancer dans la vie sont plus difficiles. Brise les tabous et les barrières. Apprends !

Et la musique dans tout ça ?
Je n’ai aucun souci concernant mon héritage musical. Bann kinn pran relev inn konn fer zoli lamizik. Bon, ena ki mank inpe text, inpe vibes, mais beaucoup portent en eux la flamme du seggae et de son évolution. Continuez.

Ki to pou al fer la ?
Mo ena pou zwenn mo frer Berger. Li ek mwa nou kontan zwe nou lamizik dan tanto… nou get lesiel, nou santé, nou exprim nou lazwa avek nou bann linstriman… On est bien.

Avant que tu ne partes, je veux te dire combien je t’aime, combien on t’aime. Tu nous manques beaucoup, Kaya…
Elijah, je suis dans ton coeur, dans le coeur de tous ceux qui veulent bien recevoir mon message d’amour et de paix. Monn sant lamour, kouma to kone. To rappel ?… ‘Bizin kozé laverité zenes, nou fami ki ti la pa ti lé tandé, komié finn mor ti pe bizin la sazes, toulétan nou rezet sa ki bon, tou nou lavi ti fini dan laenn, mo pé sant lamour pou nou gagn liberté…’ Mo alé aster. Mo kontan zot. Jah Bless !


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Lexpress

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