Au Tchad, Idriss Déby fait lever le blocage des réseaux sociaux

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Cette mesure était intervenue fin mars 2018, au moment où un mouvement de contestation s’élevait contre un changement de Constitution.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 10h37

Temps de Lecture 2 min.

Le président du Tchad Idriss Déby, à Jérusalem le 26 novembre 2018.
Le président du Tchad Idriss Déby, à Jérusalem le 26 novembre 2018. Ammar Awad / REUTERS

Le président du Tchad, Idriss Déby Itno, a annoncé samedi 13 juillet la levée des restrictions sur les réseaux sociaux, bloqués depuis plus d’un an pour « des raisons sécuritaires » par les autorités tchadiennes. « Depuis quelques mois, l’impératif sécuritaire avait conduit le gouvernement à renforcer les conditions d’accès et les mesures de contrôle des communications électroniques », a déclaré M. Déby à l’occasion de la clôture samedi du Forum Tchad numérique à N’Djamena. « Ces mesures se sont imposées dans un contexte de menaces terroristes », a-t-il rappelé. Un réexamen de la situation « me conduit (…) à instruire les sociétés concernées à lever immédiatement la restriction sur les communications électroniques », a-t-il ajouté.

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Samedi en milieu d’après-midi, il était possible à N’Djamena d’accéder aux réseaux sociaux, comme WhatsApp ou Twitter, a constaté un journaliste de l’AFP. Une décision saluée par la société civile : « Nous nous réjouissons que le gouvernement tchadien ait écouté la voix du peuple », a réagi auprès de l’AFP le président du Collectif tchadien contre la vie chère, Nely Versinis. « Cette censure des réseaux sociaux imposée par le gouvernement depuis plus de quinze mois n’avait pas de raison d’être », a-t-il ajouté.

La censure des réseaux sociaux « a contribué à ternir davantage l’image du gouvernement tchadien », a déclaré de son côté l’ONG Internet sans frontières. « Nous espérons que cela ne se reproduira plus, la liberté d’expression en ligne étant un droit », a-t-elle précisé dans un communiqué.

L’accès à Internet n’excède pas 5 %

Fin mars 2018, les principaux réseaux sociaux du pays étaient devenus inaccessibles au moment où un mouvement de contestation s’élevait contre un changement de Constitution visant à renforcer les pouvoir du président du Tchad, dirigé depuis 1990 par Idriss Déby. L’accès aux réseaux était toujours possible en passant par des « réseaux privés virtuels » (VPN). Mais leur coût est prohibitif dans ce pays, l’un des plus pauvres du monde. Au Tchad, le pourcentage de la population ayant accès à Internet n’excède pas 5 %. En 2016, les autorités avaient déjà bloqué les réseaux sociaux durant 235 jours, coûtant ainsi plus de 18 millions d’euros à l’économie tchadienne, selon Internet sans frontières.

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Immense pays s’étendant de l’Afrique centrale à la bande sahélo-saharienne, le Tchad, allié des pays occidentaux dans la lutte antidjihadiste, est confronté à des défis sécuritaires à chacune de ses frontières. Dans l’ouest, le groupe nigérian Boko Haram a repris ses incursions meurtrières depuis le début de l’année. Le nord, frontalier du Soudan, de la Libye et du Niger, est une région volatile du Sahel, désertique et peu habitée. Plusieurs groupes rebelles tchadiens ont établi leur base dans le sud libyen.

Dans l’est, de graves conflits opposent agriculteurs et éleveurs nomades. Enfin, le sud frontalier avec la Centrafrique reste fragilisé par la crise qui sévit dans ce pays depuis le renversement du président François Bozizé en 2013. Idriss Déby Itno est arrivé au pouvoir en 1990. Des élections législatives, maintes fois reportées depuis 2015, doivent se tenir avant la fin de l’année.

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