« Les forts taux de fécondité en Afrique sont un facteur de fragilisation »

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Selon Mabingue Ngom, du Fonds des Nations unies pour la population, des germes de changement démographique existent sur le continent.

Propos recueillis par Martine Valo Publié aujourd’hui à 10h33, mis à jour à 10h33

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Séance d’éducation à la planification familiale, près de Ouagadougou, en février 2018.
Séance d’éducation à la planification familiale, près de Ouagadougou, en février 2018. Luc Gnago / REUTERS

Mabingue Ngom est directeur du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre depuis quatre ans. Il analyse la situation dans les 23 pays que couvre sa direction.

Quelles tendances démographiques observez-vous sur le continent africain ?

L’Afrique est à la traîne vis-à-vis de la transition démographique. C’est regrettable, car les forts taux de fécondité en Afrique subsaharienne sont un facteur de fragilisation des Etats. Tant que le taux de croissance de la région ouest et centre restera de 2,7 % par an alors qu’il est de 1,2 % au niveau mondial, elle ne pourra pas dégager une épargne lui permettant d’investir. Les Etats ne pourront pas bénéficier du « dividende démographique » avec moins d’enfants et plus d’adultes au travail.

Dans les années 1950, d’autres pays présentant des niveaux de développement similaires avaient des naissances nombreuses : 6,57 en Afrique subsaharienne, 7,3 au Niger, 7,28 en Algérie, 6,65 en Tunisie, 6 en Corée du Sud. Ils sont très éloignés les uns des autres aujourd’hui. Plusieurs éléments expliquent ces trajectoires différentes. Les faibles progrès de la médecine et de l’hygiène qui ont maintenu très longtemps une mortalité infantile à des niveaux particulièrement élevés dans la zone subsaharienne, ce qui a poussé les couples à avoir beaucoup d’enfants pour tenir compte de ce risque ; le manque d’accès à une planification familiale proposant des méthodes modernes de contraception ; et enfin, les pesanteurs sociales et culturelles, favorables aux mariages précoces.

Comment se dessine l’avenir ?

J’observe un climat prometteur et des germes de changement. Nous travaillons avec des leaders communautaires, religieux, traditionnels comme jamais auparavant – il y a quelques années, on ne pouvait même pas s’asseoir avec eux et prononcer le mot « population ». Je vois des initiatives intéressantes, y compris en matière de planification familiale, menées par les Affaires islamiques au Tchad par exemple. Mais elles sont encore limitées et pas assez valorisées. Il faudrait pouvoir faire davantage pour atteindre un effet de masse critique, car si l’on arrive à convaincre durablement ces chefs traditionnels, toute la communauté suivra. Pour atteindre le fin fond des zones que nous voulons toucher, ce n’est pas sur Twitter ou à la télé que cela se joue.

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Quelle est l’attitude des gouvernements sur ces enjeux ?

Certains ont longtemps mené la politique de l’autruche. Les choses changent, des chefs d’Etat se saisissent du problème, mais l’engagement reste inégal. Entre autres actions, le projet Swedd (« autonomisation des femmes et dividendes démographiques au Sahel ») enregistre des progrès significatifs dans les six pays qui le mettent en œuvre. Le Bénin vient de nous rejoindre. Il s’agit de s’attaquer aux causes profondes de la discrimination économique et sociale à l’égard des femmes et des filles. Le président du Niger et son épouse apportent leur appui au programme Swedd avec des initiatives comme l’école des maris et des futurs maris.

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