En Belgique, la difficile décolonisation des esprits

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Au Musée royal de l’Afrique centrale, à Tervuren, la disposition des salles, les œuvres et leur présentation montrent que les idées reçues sur l’apport des Occidentaux à leurs colonies ont la peau dure, note le journaliste du service Culture du « Monde », Philippe Dagen.

Par Philippe Dagen Publié aujourd’hui à 07h00

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Le Musée royal de l’Afrique centrale, à Tervuren, en Belgique.
Le Musée royal de l’Afrique centrale, à Tervuren, en Belgique. CULTURE-MUSEE

Analyse. En novembre 2018 a paru le rapport de Bénédicte Savoy et Felwine Sarr sur la restitution d’œuvres africaines, commandé par l’Elysée après le discours d’Emmanuel Macron à Ouagadougou (Mali), en novembre 2017. Il a suscité un large débat, dont l’un des effets a été de « libérer la parole », selon la formule à la mode. Ainsi a-t-on dû lire des commentaires d’internautes du genre de celui-ci, relevé sur le site du Monde et toujours visible : « Utiliser le mot art pour ces objets primitifs et périssables me semble inapproprié. » Pur mépris raciste convaincu de la supériorité des Blancs sur les Noirs en toutes matières. On ne feindra pas d’en être surpris : les preuves de sa persistance sont partout dans le monde.

Dans les anciennes puissances coloniales européennes, il est indissociable du colonialisme. Celui-ci affirmait pour se justifier qu’il apportait la « vraie foi » chrétienne et le progrès à des peuples païens et ignorants. Une littérature pléthorique a répandu ces discours du XIXe siècle – temps de la conquête systématique de l’Afrique et de l’Océanie – jusqu’au milieu du XXe siècle et aux indépendances des ex-colonies. Les collections que l’hypothèse des restitutions met en cause ont été en partie constituées dans ce contexte.

Pourquoi rappeler ces évidences ? Parce qu’il apparaît que plus d’un demi-siècle après les indépendances, les entendre soit toujours douloureux pour certains et les énoncer, difficile pour d’autres. Et ceci dans le milieu des spécialistes des arts que l’on disait jadis « primitifs », par opposition à nous, les « civilisés ». Une preuve spectaculaire en est donnée depuis le 8 décembre 2018 par le Musée royal de l’Afrique centrale (MRAC) à Tervuren (Belgique), renommé AfricaMuseum.

Un exotisme global mis en scène

Ouvert en 1910, il est consacré à ce qui s’est appelé Etat indépendant du Congo, création et propriété du roi Léopold II (1865-1909) de 1884 jusqu’en 1908, et son annexion à la Belgique. Autrement dit le Congo belge, aujourd’hui République démocratique du Congo (RDC). Fermé en 2013 pour une rénovation d’un coût de 66 millions d’euros, le MRAC a été réaménagé, les surfaces d’exposition ont été presque doublées.

La zoologie, la botanique et la minéralogie occupent autant de place, sinon plus, que les activités humaines. Cette proximité est choquante

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