En Inde, un trésor disco oublié

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Rupa Sen Biswas, une chanteuse de Calcutta, avait enregistré un unique album en 1982 au Canada. Exhumé par un petit malin, il cartonnait à son insu.

Par Publié aujourd’hui à 07h30

Temps de Lecture 4 min.

Un artiste talentueux inconnu dans son pays, devenu star sans le savoir de l’autre côté du globe, et qui l’apprend quarante ans après, constatant la spoliation de ses droits d’auteur. Cela rappelle quelque chose ? En 2012, le Suédois Malik Bendjelloul avait fait un carton en racontant, dans l’émouvant Sugar Man, l’épopée de Sixto Rodriguez, un musicien folk de Chicago qui ignorait être vénéré comme un Bob Dylan en Afrique du Sud…

La même histoire vient d’arriver en Inde à Rupa Sen, née Biswas, une chanteuse de Calcutta dont l’unique album, Disco Jazz, enregistré en 1982 au Canada, connaît depuis deux ans un succès fou sur Internet, à son insu. L’interprète, aujourd’hui âgée de 64 ans, est sidérée de sa « résurrection », comme elle l’a écrit cet hiver sur le compte Twitter qu’elle s’est empressée d’ouvrir.

Une « réminiscence boogie »

Derrière un nom qui sonne comme un oxymore se cache une musique interprétée « avec les tripes » et « juste ce qu’il faut de douceur gourmande et d’indianitude », selon D-Mac, DJ à Washington DC. C’est en 2017 que Disco Jazz a fait sa réapparition, grâce au flair de Boomkat, un disquaire indépendant de Manchester. Les critiques l’ont rapidement couvert d’éloges, déclenchant le buzz sur la Toile.

Or, voilà que le fils de Rupa Biswas Sen, Debayan, entreprenait au même moment de retrouver la trace de l’album disparu auquel sa mère faisait allusion de temps à autre. Le jeune homme n’a pas été déçu. Des millions d’internautes se repaissent sur YouTube de cette “réminiscence boogie” des musiques de film du Bollywood des années 1980, tandis que des copies originales se monnaient plus de 500 livres sterling pièce (558 euros). Mieux, “Disco Jazz” a été réédité en mars par Numero Group, un label de Chicago !

Rupa Biswas Sen dit se sentir « comme un fossile mort », tellement l’eau a coulé dans le Gange depuis l’époque où sa mère, Sabita, lui enseignait le chant et la poussait à passer des auditions sur les ondes d’All India Radio. L’étudiante qu’elle était ne croit pas au destin artistique fantasmé par sa génitrice et se consacre à la biologie.

Et puis, un jour de l’été 1981, elle part en vacances à Calgary, dans l’Ouest canadien, pour rendre visite à son frère Tilak, lequel la supplie de donner un petit concert à son arrivée. Les amis de la diaspora indienne présents ce jour-là sont subjugués par sa voix et réservent pour elle une salle sur le campus de l’université. Rupa Biswas Sen fera salle comble.

Pas la moindre roupie

Dans le public se trouve Aashish Khan, fils du célébrissime joueur de sarod Ali Akbar Khan (1922-2009). Celui-ci, séduit, attend sa compatriote à la sortie et l’invite à enregistrer en studio. C’est de ce concours de circonstances que naîtra Disco Jazz, qui fera un flop en Inde et passera aux oubliettes.

« C’est tout, sauf le disco habituel des années 1980. Le disque parvient à utiliser les formes, les sons et les structures de la musique de boîte de nuit pour atteindre un autre niveau qui, même s’il ne s’agit pas vraiment de jazz, est quelque chose de tout à fait approchant », indique l’écrivain australien d’origine indienne Nate Rabe, le premier à s’être demandé où était passée Rupa Biswas Sen et à l’avoir retrouvée, comme il l’a raconté sur le site indien Scroll.

L’interprète de Disco Jazz lui a précisé que « personne » ne lui avait demandé la permission de rééditer ses chansons et de republier son visage juvénile figurant sur la pochette d’origine. Bien entendu, elle n’a pas reçu « la moindre roupie » de ceux qui prospèrent sur sa célébrité tardive. Quelqu’un pourrait-il la mettre en contact avec Sixto Rodriguez pour qu’il lui explique comment récupérer ses droits d’auteur ?

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