Virées de Veeren: pourquoi tant de privilèges ?

0
195

[ad_1]

Peroomal Veeren est accompagné par un hélico à chacune de ses sorties. 

Peroomal Veeren est accompagné par un hélico à chacune de ses sorties. 

Le Chetak qui survolait la capitale le lundi 1er juillet n’était pas en route pour récupérer les clés de voiture d’un haut gradé de la police. Ce jour-là, l’hélicoptère avait une autre mission : surveiller Peroomal Veeren, qui était de sortie. D’ailleurs, à chaque fois qu’il quitte la prison, c’est le même cortège qui l’accompagne. Pourquoi ? Comment ? Combien ça coûte ? Et puis, qui est-il ?

Aux Casernes, ceux qui montent les opérations pour escorter le caïd sont rôdés. C’est qu’il est souvent sur les routes, Peroomal Veeren. Lundi dernier, il devait se présenter en cour pour son divorce, et le 30 mai, il devait se rendre chez le dentiste. Rage de dents ? Implants plaTuIîiïnesques ? Voulait-il se les faire enlever avant l’opération de l’ICAC ? On ne le sait pas. Toujours est-il que chaque virée de Peroomal Veeren coûte environ Rs 100 000 au contribuable, balade en hélico au coût de Rs 27 000, tanks, ambulance, mobilisation GIPM, SSU et tout le tralala. Pourquoi tant de privilèges ?

Vinod Appadoo, le Commissaire des prisons, explique que c’est la Cour qui a demandé à ce que l’hélicoptère de la police l’accompagne lundi dernier. Même chez le dentiste le 30 mai ? «La police est en présence d’informations selon lesquelles le prisonnier Veeren prévoit de s’évader. Il n’y a pas d’informations concrètes, mais lorsqu’il était à Beau-Bassin, dans sa cellule, les gardiens avaient retrouvé des magazines sur les bateaux. Si cela arrive, ce sera une catastrophe, surtout que grâce à son réseau, il pourra facilement quitter le pays», avance une source bien informée.

D’ailleurs, le fait qu’il se rende en cour le même jour que Shahebzada Azaree – patron de Gloria Fastfood à la rue Desforges et à la gare Victoria, accusé de blanchiment d’argent – a apporté de l’eau au moulin de ceux qui défendent cette théorie. Mais ce n’est pas la seule raison. D’autres avancent que la vie de Peroomal Veeren est en danger. C’est la raison pour laquelle il est souvent vu avec un casque sur la tête. Qui voudrait le tuer ? Des concurrents ? Des familles de victimes de la drogue ? Des politiciens ? Encore une fois, pas d’informations concrètes, mais si les autorités ne veulent pas que le condamné s’évade, ils souhaitent encore moins qu’il finisse en martyre.

Une dent contre les déplacements

À chaque fois que le trafiquant de drogue se déplace, les commentaires pleuvent. Les policiers grognent et les internautes se déchaînent. L’un d’eux s’est demandé pourquoi les dentistes ne se déplacent pas vers les prisonniers, ce qui coûterait moins cher. Le commentaire n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Dès ce lundi 8 juillet, les règlements pour mettre en place une Mobile Dental Clinic, qui sillonnera les prisons afin de redonner un sourire dentifrice blancheur aux détenus qui broient du noir, seront établis. «J’ai fait la demande auprès du ministre de la Santé et il a donné son aval», a confirmé Vinod Appadoo.

Qu’en est-il des autres soins ? À la Bastille, la quinzaine de détenus bénéficie d’un suivi médical constant. Un homme de loi avance que déjà, avant d’être placé là-bas, le détenu doit impérativement être ausculté par un médecin pour juger de son aptitude à servir sa sentence dans cette prison. De plus, un médecin est toujours on duty et vérifie l’état de santé des détenus deux fois par jour. «Ces prisonniers ne voient le soleil que deux heures quotidiennement», explique l’avocat.

Ont-ils peur de bronzer ? «La plupart de ces prisonniers sont des hardened criminals et tout est fait pour les couper de leur réseau. Mais leur état de santé peut en pâtir», fait valoir une source dans l’univers carcéral. En plus du médecin, la prison est aussi équipée d’un appareil électrocardiographe. «Mais le médecin n’est qu’un généraliste. Lorsqu’il y a des complications de santé ou qu’ils ont besoin de soins dentaires, les prisonniers sont transférés à l’hôpital de Rose-Belle, où il y a une aile prison.» À Beau-Bassin, la situation est différente. La prison est dotée d’un mini-hôpital, avec les services appropriés. Ce n’est que les patients atteints de maux graves qui sont transportés vers les hôpitaux.

L’expertise d’un généraliste ne suffit donc pas dans le cas de Peroomal Veeren ? Selon une source qui l’a fréquenté, le caïd est atteint d’un diabète «incontrôlable» et a besoin de soins spécialisés sur une base régulière. Même sa nourriture doit être mesurée avec précision pour ne pas aggraver son état de santé, mais ce n’est pas toujours le cas. Puis, depuis lundi dernier, l’épilepsie est venue se rajouter aux maux dont il souffre. «Mais attention. L’épilepsie n’est pas anodine. Il faut voir s’il a des antécédents de cette maladie», avance une autre source, précisant que ce jour-là, il avait été examiné le matin même avant sa sortie.

Carte de visite :

Nom : Peroomal Veeren

Date de Naissance: 25 septembre 1976

 Emploi avant condamnation : Agent de sécurité

Peine : 34 ans pour trafic de drogue et 2 ans pour possession de drogue en prison (non-consécutifs)

Années de condamnation : 2010 et 2017

Incarcéré en : 2003 (appel rejeté)

 Rémission : 6 ans

Faits notables :

  • a accusé le Premier ministre d’être un importateur de drogue devant la Commission Lam Shang Leen le 10 août 2017
  • a célébré son anniversaire en grande pompe à la prison de Beau-Bassin en 2016
  • était en possession d’une chaîne valant Rs 1 million, héritage de son père selon lui
  • était de très bonne humeur lors de sa deuxième condamnation, le 21 juin 2017

Le parrain

Tout le monde a droit au même traitement en prison. «Ki li Chairman, enn CEO, zot tou parey», clame haut et fort Vinod Appadoo, le commissaire des prisons. Et la forte escorte policière lors des déplacements ? «Ce n’est pas un privilège, bien au contraire. C’est parce que le prisonnier en question est dangereux», avance une autre source.

Mais cela n’a pas toujours été le cas. Le commissaire des prisons se souvient du temps où Peroomal Veeren était à la prison de Beau-Bassin. Il était le prisonnier en chef – ou «le parrain» dans le jargon carcéral – et avait tout une petite bande d’incarcérés qui lui obéissaient au doigt et à l’œil. En plus d’avoir fêté son quarantième anniversaire en grande pompe, il s’«achetait» un traitement princier. Service à table, massages du dos et des pieds et même de l’aide sous la douche… «So lebra long, mé pa ti asé long pou souy so ledo», ironise un gardien de prison. Il ne se plaignait pas de son séjour. Mais ces services n’étaient pas gratuits. À l’époque, les familles des détenus pouvaient mettre de l’argent sur leurs comptes. Et les proches de Peroomal Veeren alimentaient les comptes de ceux qui étaient à son service.

Face à la situation, le caïd avait été placé en isolation, au sein du même pénitencier, mais rien n’avait changé. «Les autres rivalisaient d’ingéniosité pour être en contact avec lui car c’était à leur avantage» explique-t-on. Par la suite, il a été transféré à La Bastille.

Mais Peroomal Veeren n’est pas le seul «privilégié». D’autres gros bonnets ont le même train de vie, affirme un autre gardien de prison, qui compte des décennies d’expérience. Comme le caïd, ils ont des petits chevaliers servants qui sont à leur service. «Ena mem payé pou banla kas zot bouton tir zerm….» De quoi refiler de l’urticaire aux autorités.

Mais il n’y a pas que les prisonniers. Des gardiens de prisons sont aussi souvent dans le coup, de mèche avec les gros bonnets. Un «jockey» devant introduire un téléphone portable dans l’enceinte de la prison peut toucher jusqu’à Rs 100 000. Ce sont les proches du prisonnier qui font le paiement. Les cigarettes, la drogue et d’autres produits prohibés ont chacun leur prix. D’ailleurs, une dizaine de gardiens de prison avaient été épinglés par la Commission Lam Shang Leen.

«On ne fait pas l’amour en prison»

 Pas de parties de jambes en l’air entre les murs de la prison. C’est Vinod Appadoo qui le dit. Il ne parlait pas de la légende urbaine de «ramas savonet», mais des visites. À Maurice, les condamnés n’ont pas droit à la visite conjugale.

Ici, la visite matrimoniale ne fait pas partie des trois types de visites qui existent pour les incarcérés. Il y a la conversation par Skype, la visite séparée par une vitre blindée. Ceux qui se comportent comme de gentils détenus ou qui ont des enfants ont droit à des «contact visits». «Contact pa vé dir zot cav fer lamour», précise le commissaire des prisons. De toute façon, ces visites se font toujours sous le regard de tierces personnes, donc l’environnement n’est pas propice à l’intimité.

 Les visiteurs ont le droit de s’embrasser, de se toucher, voire se pincer les joues. Les visites ont lieu deux fois par mois. Les condamnés ont droit à une demi-heure alors que ceux qui sont «on remand» profitent de la compagnie de leurs proches pendant 15 minutes. Chaque prisonnier a un jour spécifique. «La sœur de Peroomal Veeren, par exemple, a essayé de rencontrer son frère alors que ce n’était pas le bon jour. Elle a fait un esclandre, mais cela n’a rien changé. Pas de traitements de faveur, vous voyez…» déclare un gardien de prison.

Attention, tout le monde n’a pas le droit de visiter un proche s’il est incarcéré. Le prisonnier a un dossier avec cinq personnes inscrites, et personne d’autre ne peut avoir accès à lui.

 Puis, il y a les cas des couples où les deux sont incarcérés. Comment font-ils ? «Cela existe», avance Vinod Appadoo. Pour qu’ils puissent se voir, il faut son aval au préalable et il décide au cas par cas. Sinon, ils doivent se contenter de Skype.

 Quide des couples homosexuels incarcérés dans deux prisons différentes ? «Je n’ai jamais vu de tels cas ou reçu de telles requêtes», conclut Vinod Appadoo.


[ad_2]

Source link

Lexpress

Have something to say? Leave a comment: