« Le régime syrien ne changera pas, d’autant qu’il pense avoir gagné la guerre »

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Le président Bachar Al-Assad est parvenu à se maintenir parla violence et la terreur. Après huit ans de destructions, il a remporté la guerre de la propagande qui satisfait une opinion – notamment française – oublieuse de ses forfaits commis, même avant la guerre civile.

Propos recueillis par Publié aujourd’hui à 13h55, mis à jour à 13h59

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Michel Duclos, diplomate.
Michel Duclos, diplomate. INSTITUT MONTAIGNE

Diplomate, ancien ambassadeur à Damas, Michel Duclos est aujourd’hui conseiller spécial à l’Institut Montaigne. Dans son ouvrage, La Longue Nuit syrienne (Editions de l’Observatoire, 238 pages, 19 euros), il livre une analyse implacable de l’impuissance occidentale face au conflit syrien.

L’interminable conflit syrien est-il « la guerre d’Espagne » du début du XXIsiècle ?

A la fin de la première année du conflit, à l’été 2012, j’ai eu le sentiment que la Syrie était la « guerre d’Espagne » de notre temps. Les situations historiques ne se reproduisent jamais à l’identique et le monde d’aujourd’hui n’est pas celui des années 1930. Cependant, les similitudes sont suffisamment frappantes pour éclairer les défis que pose la guerre de Syrie à nos démocraties à bout de souffle, tout comme l’étaient les démocraties des années 1930.

Dans les deux cas, le même problème s’est posé à nous : faut-il intervenir dans une guerre civile, pour soutenir ceux que nous considérons proches ou, du moins, qui luttent contre nos adversaires ? Certes, en 1936, le gouvernement du Frente Popular faisait face à un soulèvement militaire, alors qu’en Syrie un soulèvement populaire s’est heurté à la répression des autorités en place. Un lien fondamental relie néanmoins les républicains espagnols aux révoltés syriens : les premiers ont tenté de résister à la menace d’une dictature en voie de formation, les seconds ont cru pouvoir affronter une dictature établie.

N’y a-t-il pas aussi des similitudes dans les soutiens extérieurs dont ont disposé les deux camps ?

Dans les deux cas, les démocraties occidentales ont opté pour la retenue, cependant que les adversaires de la démocratie, eux, n’ont pas eu de telles hésitations : l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste soutinrent massivement Franco, y compris en intervenant militairement, tout comme l’Iran et la Russie aujourd’hui soutiennent [le président syrien] Bachar Al-Assad. Les démocraties, avec leur politique de non-intervention, ont à chaque fois laissé d’autres parties agir : l’URSS de Staline a aidé la République espagnole en imposant au camp républicain ses travers politiques.

De façon similaire, les pays du Golfe et la Turquie ont eu le champ libre pour orienter l’opposition armée syrienne dans un sens islamiste. Autre point commun, les chancelleries occidentales et les pouvoirs établis dans nos pays ont conçu un même préjugé : le Frente Popular faisait peur ; la rébellion syrienne aussi, soupçonnée d’être islamiste d’entrée de jeu, alors qu’elle ne l’était nullement au départ et qu’elle luttait pacifiquement pour des idées proches des nôtres.

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