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Dans une tribune au « Monde », un collectif de huit dirigeants d’ONG demande la libération immédiate de Carola Rackete. Le 29 juin, elle était arrêtée pour avoir accosté de force en Italie avec une quarantaine de migrants à bord du bateau Sea Watch 3.
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Tribune. Ayant pris la décision de forcer l’entrée dans les eaux territoriales italiennes pour pouvoir faire débarquer les migrants secourus qui étaient à son bord, Carola Rackete, capitaine du Sea Watch, a été arrêtée dès son arrivée à Lampedusa. Cette démarche du commandant de bord était motivée par l’état de santé précaire de certains des passagers recueillis en mer.
Carola Rackete a osé défier un gouvernement qui bafoue les principes élémentaires de sauvetage et de premier accueil. Elle sauve ainsi notre honneur, l’honneur perdu de l’Europe. Elle bouscule la politique aveugle du chacun pour soi de Dublin et les accords hypocrites confiant à des pays, aux marges de l’UE, le soin de mener pour nous européens des politiques inhumaines de rejet et de mort.
C’est le dernier épisode d’une série de mesures prises, depuis de nombreux mois, à l’égard des acteurs de la solidarité, impliqués dans le secours apporté aux migrants. Les ONG ont, dans l’histoire politique européenne, un rôle de contre-pouvoir et d’influence sur l’évolution des politiques gouvernementales. On pensait ce rôle bien ancré, communément admis dans le fonctionnement de nos Etats.
Des tentatives de déstabilisation
Cette fonction, indispensable à la démocratie, est aujourd’hui l’objet de multiples tentatives de déstabilisation. Si le terme d’Organisations Non Gouvernementales apparaît en 1945 en même temps que naît l’Organisation des Nations Unies, leurs prédécesseurs, les associations de solidarité internationale, les avaient devancées dans la gestion de certaines crises, s’opposant à des décisions gouvernementales jugées inacceptables : c’est ainsi qu’est née Oxfam en 1942 pour contrer le blocus des alliés qui affamait la population grecque.
Partout où progressent les populismes, les dirigeants politiques ont bien perçu qu’une partie des opinions publiques est désormais sensible à des discours fondés sur le refus de l’accueil des étrangers, dans un amalgame volontairement brouillé des mécanismes qui poussent des hommes et des femmes à choisir le chemin de l’exil. La liste des menaces et tentatives d’intimidation s’allonge, déployant différents registres développés par les gouvernements.
Accusations de complicité avec des passeurs, par l’agence Frontex, à l’égard de Save the Children en 2016. Traduction devant la justice, de citoyens mis en examen et condamnés pour des actes de solidarité à l’égard de migrants (Calais, vallée de la Roya) ; propos accusateurs de l’actuel ministre français de l’intérieur, M. Castaner à l’encontre des ONG françaises qui se mobilisent dans ce domaine ; accusation d’une autre capitaine, Pia Klemp, par le même gouvernement italien d’« aide et de complicité à l’immigration illégale » ; immobilisation forcée de l’Aquarius sous de fallacieux motifs qui n’ont pour préoccupation réelle que d’interrompre les actions de sauvetage déployées par SOS Méditerranée…
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