En Norvège, l’expulsion qui fait déborder l’opinion

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A Trondheim, une famille afghane a évité la reconduite à la frontière grâce à la mobilisation des habitants et à une campagne d’Amnesty International.

Par Publié aujourd’hui à 07h15

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Manifestation de soutien à la famille Abbasi, le 19 juin, à Trondheim.
Manifestation de soutien à la famille Abbasi, le 19 juin, à Trondheim. Ned Alley/NTB scanpix/AFP

Le plus jeune, Ehsan, a 16 ans, sa sœur, Taibeh, 20 ans, et leur frère, Yasin, 22 ans. Tous les trois ont été arrêtés avec leur mère, Atefa Rezaie, vers 5 heures du matin, samedi 15 juin, à Trondheim, au centre de la Norvège, où la famille Abbasi vit depuis 2012. Embarqués par la police à bord d’un minibus, les quatre Afghans ont été conduits à l’aéroport. Direction : Kaboul. Quatre ans après la révocation de leur permis de séjour, les autorités norvégiennes venaient de décider de les expulser. C’était compter sans la mobilisation extraordinaire, bien au-delà des frontières norvégiennes, qui a débuté il y a deux ans, avec l’engagement des camarades des adolescents et une campagne d’Amnesty International. Depuis, la famille Abbasi est devenue un symbole : « Cette expulsion est emblématique des politiques cruelles et déshumanisantes menées par de nombreux gouvernements européens », s’indignait encore Massimo Moratti, le directeur adjoint pour l’Europe d’Amnesty.

« C’est une affaire qui illustre le côté le plus sombre de notre politique inhumaine de l’asile qu’il est largement temps de réformer. » Lars Haltbrekken, député du Parti socialiste

Deux jours plus tard, le lundi 17 juin, des centaines de jeunes et leurs parents marchent dans les rues de Trondheim. Ils brandissent des cœurs rouges en papier fixés sur des baguettes en bois et témoignent de leur soulagement : les deux frères et la sœur sont sur la route du retour pour la Norvège. Leur mère, inconsciente à son arrivée à la dernière escale à Istanbul, a été rapatriée pour raisons de santé. Les adolescents auraient dû poursuivre le voyage seuls, mais les autorités afghanes ont refusé de les laisser entrer dans le pays. Né en Iran, le plus jeune n’y a jamais mis les pieds. Ses parents, appartenant à la minorité hazara, persécutée depuis des siècles, ont quitté l’Afghanistan quand l’aîné avait 3 ans et sa sœur à peine 1 an.

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La mère et les trois enfants sont arrivés en Norvège durant l’été 2012. La famille a obtenu un permis de séjour temporaire quelques semaines plus tard, au motif que le père avait disparu et que les Abbasi n’avaient plus de référent masculin en Afghanistan. Mais, en décembre 2012, le père les a rejoints et a déposé à son tour une demande d’asile, rapidement rejetée. Accusés d’avoir menti sur l’absence du père, la mère et les trois enfants ont vu leur permis de séjour annulé. Le père s’est alors évaporé dans la nature. La famille a porté l’affaire en justice et obtenu gain de cause en première instance. La cour d’appel a ensuite donné raison à l’Etat norvégien.

Un assouplissement du pacte sur l’immigration

Ils avaient jusqu’au 16 juillet 2018 pour quitter le pays. Selon les médias du pays, on leur avait assuré qu’ils ne seraient pas expulsés de force, les enfants étant scolarisés en Norvège et bien intégrés dans le pays. En octobre 2017, plus d’un millier de leurs camarades s’étaient déjà rassemblés dans le centre de Trondheim pour exiger qu’ils obtiennent un permis de séjour. Et, en mars 2018, 600 personnes ont assisté à un concert de soutien en faveur de la famille. Un mois plus tard, Amnesty International mettait en place une action urgente pour bloquer le départ de la famille, ainsi que toutes les expulsions vers l’Afghanistan. L’ONG encourageait alors les citoyens à envoyer des lettres à la première ministre norvégienne, Erna Solberg, et aux ambassadeurs du royaume dans le monde entier, afin de porter un sérieux coup à la réputation internationale du pays. A l’occasion de cette campagne, Malala Yousafzai, lauréate pakistanaise du prix Nobel de la paix en 2014, s’est également mobilisée.

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Lundi 17 juin, l’ensemble du conseil municipal de Trondheim, à l’exception du populiste Parti du progrès (FrP), a exigé le rapatriement des frères et de la sœur. « C’est une affaire qui illustre le côté le plus sombre de notre politique inhumaine de l’asile qu’il est largement temps de réformer », s’est insurgé le député Lars Haltbrekken, du Parti socialiste de gauche, demandant des comptes au ministre de la justice FrP. Ces derniers jours, plusieurs formations se disaient prêtes à envisager un assouplissement du pacte sur l’immigration, adopté dans la précipitation en 2015 et durcissant la politique de l’asile. Mais il ne s’agirait que de modifications à la marge. En 2018, la Norvège a expulsé 216 déboutés du droit d’asile vers l’Afghanistan.

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