En Inde, les conséquences dévastatrices du tabou sur les règles

0
170

[ad_1]

Chaya Kakade works with the women making sanitary pads at her
production facility in Pardhewadi village in Latur district in Maharashtra, India.

KAREN DIAS POUR « LE MONDE »

Par

#RèglesNonDites. Dans les campagnes indiennes, comme dans le Marathwada, région agricole du cœur du pays, les femmes sont très exposées au cancer du col de l’utérus.

Les murs de l’atelier ont été peints en bleu turquoise, donnant une impression de fraîcheur bienvenue. On est à Pardhewadi, un village desservi par une piste poussiéreuse du Marathwada, région agricole au cœur du sous-continent, frappée depuis cinq ans par une sécheresse dévastatrice. Dehors, le paysage d’une morne platitude brûle sous le soleil d’été, qui a démarré il y a trois mois en Inde. A l’ombre des flamboyants rouge sang, le thermomètre indique 47 °C.

Dans le bâtiment, une trentaine de jeunes femmes s’affairent autour de machines pour fabriquer des serviettes hygiéniques à la chaîne : elles découpent, stérilisent, pressent, scellent, emballent 5 000 serviettes par jour, conditionnées par paquets de six vendus 30 roupies (38 centimes d’euro).

Une femme fabrique une serviette hygiénique durant une démonstration dans l’atelier de Chaya Kakade, le 13 juin.
Une femme fabrique une serviette hygiénique durant une démonstration dans l’atelier de Chaya Kakade, le 13 juin. KAREN DIAS POUR « LE MONDE »

« Dans nos campagnes, les femmes ignorent les principes élémentaires de la toilette intime parce qu’elles sont très majoritairement illettrées, mais aussi parce qu’on manque terriblement d’eau », déplore Chaya Kakade, qui dirige l’atelier pour le compte de l’Association pour le développement des villages isolés. Cette femme de 41 ans, au caractère bien trempé, s’est lancée il y a quatre ans dans la fabrication de protections.

« Quand j’ai démarré en 2015, tout le monde m’a prise pour une folle. Les hommes m’accusaient de pervertir leurs femmes et leurs filles avec mes idées modernes. Ils pensaient que je les attirais pour leur faire faire des choses illégales. J’ai reçu des menaces et on m’a coupé le courant plusieurs fois pour empêcher mes machines de tourner. »

Chaya Kakade dans le village de Kumta, dans la région de Marathwada.
Chaya Kakade dans le village de Kumta, dans la région de Marathwada. KAREN DIAS POUR « LE MONDE »
Les toilettes construites par le gouvernement sont impossibles à utiliser à cause du manque d’eau, ce qui contribue à la mauvaise hygiène menstruelle et aux autres problèmes de santé des habitants.
Les toilettes construites par le gouvernement sont impossibles à utiliser à cause du manque d’eau, ce qui contribue à la mauvaise hygiène menstruelle et aux autres problèmes de santé des habitants. KAREN DIAS POUR « LE MONDE »

Des hystérectomies contre l’absentéisme

En Inde, les règles demeurent un sujet tabou. Selon une étude du ministère de la santé publiée en 2017, seules 58 % des Indiennes âgées de 15 à 24 ans ont une hygiène appropriée à leur cycle menstruel. Parmi elles, 42 % connaissent l’existence des serviettes hygiéniques, alors que 62 % avouent se débrouiller avec les vêtements qui leur tombent sous la main.

Une ignorance qui a des conséquences concrètes en termes de santé publique. Alors que près de 123 000 cas de cancer du col de l’utérus sont diagnostiqués chaque année dans le pays, une enquête nationale publiée en février dans l’Indian Journal of Medical Research montre que la maladie « recule dans les villes, mais pas dans les campagnes ».

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: