Incinérateur à Riche-Terre: le mouvement de contestation s’amplifie

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 Adultes, enfants, politiciens et artistes divers étaient présents à Beau-du-Tombeau, hier, dimanche 30 juin.

 Adultes, enfants, politiciens et artistes divers étaient présents à Beau-du-Tombeau, hier, dimanche 30 juin. 

Habitants de Baie-du-Tombeau, chanteurs, politiciens, dont deux membres du gouvernement, étaient dans la cour de l’église St-Malo, hier, dimanche 30 juin, pour manifester contre le projet de Veolia. D’ailleurs, la fumée du mystère s’épaissit. Dans un communiqué publié aujourd’hui, la société affirme qu’il n’y aurait pas d’incinérateur. Contrairement à ce qu’a déclaré son CEO, le vendredi 28 juin.

«Je pense que si on met un incinérateur, on va polluer l’air. On ne va pas pouvoir respirer et des gens vont mourir.» Du haut de ses neuf ans, Rose Mary n’a pu y résister. Voyant les aînés prendre la parole sur l’estrade pour exprimer leur opposition au projet d’incinérateur de Veolia à Riche-Terre, la jeune fille a tenu, elle aussi, à dire quelques mots dans toute son innocence. Tout comme elle, les opposants, environ un millier, se sont donné rendez-vous dans la cour de l’église St-Malo, à Baie-du-Tombeau, hier matin. «Incinerater nou pa lé!» ou encore «Non au poison ! Non au cancer !» Ce sont quelques-uns des slogans inscrits sur les pancartes.

Parmi les manifestants, il n’y a pas que les habitants de Baie-du-Tombeau et ses environs. Le chanteur Menwar, résidant à Pointe-aux-Sables, a tenu à y faire le déplacement. «Nou pé koz ‘il dirab’ ou résofma klimatik, mé nou pé anpwazonn nou mem. Nou pé anpwazonn nou péi.» Quelques minutes plus tard, il est rejoint par un autre chanteur, Nitish Joganah, qui a composé une chanson spécialement pour exprimer sa désapprobation à l’installation de cet incinérateur. «Mo abit Quatre-Bornes. Mo respir ler Moris. Zis bann b… k mem pa konpran polision ler.»

Nappe phréatique

La foule nombreuse est également composée des membres des forces vives d’Albion. Lindsay Morvan, le représentant du Mouvement pour le progrès de Roche-Bois, rappelle que le groupe a recueilli 5 300 signatures pour une pétition. Selon les organisateurs, Jean Maurice Labour, le vicaire général, était également présent, mais il a dû rentrer. Sur l’estrade, le ministre Soodesh Callichurn et son collègue de la majorité, Sharvanand Ramkaun, deux élus de la circonscription, arborent un t-shirt gris pour soutenir les manifestants. «Incinerateur nou pa lé» est écrit sur leur vêtement. La présence des députés du Parti mauricien social-démocrate Salim Abbas Mamode et Aurore Perraud, ne passe pas inaperçue. «Je suis également une habitante de Baie-du-Tombeau. J’ai soulevé une fois l’affaire à l’ajournement des travaux parlementaires, mais je compte revenir avec diverses questions», affirme la députée.

Certes, la majorité des manifestants sont des habitants de Baie-du-Tombeau. Jean Marc Ah-Foo, un des dirigeants du mouvement des contestataires, donne la raison. «À Vol d’oiseau, nous sommes à 500 mètres de l’incinérateur. Toutes les toxines vont tomber sur nous. On veut faire de Baie-du-Tombeau un village pour les déchets internationaux.» L’ingénieur Grégory Ng, également porte-parole du groupe, appuie ses dires. «Toute la région est sur une nappe phréatique qui sera contaminée. Cette eau sera distribuée aux consommateurs de Maurice quand les réservoirs seront à sec.»

D’ailleurs, c’est justement pour des raisons de santé que la plupart des manifestants ont fait le déplacement à Baie-du-Tombeau. Reshma Kissoondiyal et son mari Swadesh de la localité, débout dans la foule, écoutent attentivement les orateurs. «Nous avons perdu un fils de neuf ans en 2013 à cause du cancer. Il nous reste un enfant de 17 ans. Nous sommes là pour que les autres enfants de la région n’attrapent pas cette maladie.» Tout comme ce couple, les habitants des environs de Baie-du-Tombeau sont déterminés à mener cette bataille jusqu’au bout.

Faute de communication à tous les coups

«Je suis neutre en ce qui concerne le projet, mais on ne sait pas de ce qui est fait de l’hydrocarbure. Ce qui est un gros problème. De ce fait, le recyclage des hydrocarbures serait une bonne chose», soutient Daksh Beeharry Panray, Project Manager d’Environmental Protection & Conservation Organisation (EPCO). Il énonce que le projet d’incinérateur implique le recyclage des hydrocarbure, des déchets médicaux et que l’usine permettrait d’incinérer les animaux. Selon lui, Mare-Chicose n’est pas programmé pour traiter ce genre de déchets. D’après la Solid Waste Management, avec une population totale d’environ 1,3 million d’habitants, Maurice génère quelque 1 488 tonnes de déchets par jour. C’est énorme, souligne le Project Manager.

De son côté, Khalil Elahee, de la faculté d’ingénierie de l’université de Maurice, ne pense pas qu’il s’agit de recyclage à proprement parler, surtout s’il concerne des déchets médicaux. «Tout cela montre que nous communiquons très mal sur ce sujet. La peur n’est pas bonne conseillère. Il faut rassurer et établir les faits.» Cela ne veut nullement dire qu’il ne faut pas se poser des questions, ajoute-t-il. Il faut un dialogue fondé sur une information claire et non biaisée. En ce qui concerne le filtrage de la cheminée, il explique que tout est dans le monitoring et le suivi des opérations de traitement de déchets.

Le promoteur ne peut faire tout le monitoring lui-même, soutient-il. Au dire de Khalil Elahee, il faut impliquer les locaux dans le processus, y compris les habitants. «Le gouvernement doit se doter de moyens permettant de suivre si les normes sont respectées. De plus, il faut que les normes soient revues en permanence, comme c’est le cas en Europe.»

Les filtres doivent être disposés de manière rigoureuse, car ils contiendront une haute concentration de produits toxiques. Tout cela exige un savoir-faire et une technologie de pointe.

Approche systémique

Le principe de précaution s’applique lorsque nous n’avons pas les ressources ou l’encadrement requis. «De l’autre côté, on ne sait pas ce qu’on fait actuellement des hydrocarbures et c’est dû à une faute d’audit environnemental entrepris de manière indépendante, explique-t-il. Mais aussi il y a une possibilité que les hydrocarbures finissent à Mare-Chicose, mélangée avec d’autres déchets, ou même dans la nature.» Les hydrocarbures peuvent causer la contamination des sols, des rivières et de l’océan.

En ce qui concerne l’incinération des carcasses d’animaux, «je crois que les dioxines ne seront pas émises dans l’atmosphère. Il y a des processus pour cela, comme la vitrification, mais je ne sais pas si le promoteur propose cela comme mesure». Selon Khalil Elahee, il faut communiquer de façon dépassionnée et que les autorités se dotent des moyens et du savoir-faire requis pour qu’elles puissent agir responsablement. «Il faut une approche systémique pour toute la question. Par exemple, n’oublions pas les déchets électroniques et les batteries des voitures, surtout si nous nous tournons vers les modèles électriques et hybrides», lance ce dernier.

Callichurn et Ramkaun s’opposent au projet

Soutien de taille pour les opposants. Soodesh Callichurn et Sharvanand Ramkaun disent non au projet d’incinérateur. Lors de cette manifestation, le ministre du Travail a déclaré : «La compagnie a un ‘Investment Certificate’ pour le traitement des huiles marines. À aucun moment, il n’a été question d’incinérateur. Elle n’a pas de ‘Building & Land Use Permit’ et pas de permis d’Environmental Impact Assessment non plus. C’est mon opinion personnelle. Il ne faut pas avoir ce genre de projet dans une région habitée comme Baie-du-Tombeau.» L’autre député du gouvernement se dit prêt à soutenir les habitants. «Je suis contre cet incinérateur.» La position de deux élus contraste avec celle des autres membres du cabinet. À la sortie du Conseil des ministres vendredi, l’opinion d’Alain Wong était plutôt nuancée, tout comme celle d’Etienne Sinatambou, le ministre de l’Environnement. Les deux avaient joué avec les mots. «Je ne suis ni pour ni contre ce projet. Nous sommes dans un État de droit. Il y a une procédure qu’il doit suivre, mais je suis contre toute activité polluante», avait expliqué le ministre de l’Environnement. Alain Wong avait déclaré qu’il est à l’écoute des contestataires.

Veolia : «Pas d’incinérateur»

Dans un communiqué publié à la page 8 de cette édition, le promoteur, Veolia, maintient que la station servira à revaloriser les déchets. «L’installation servira uniquement au traitement des déchets d’hydrocarbures et des sols contaminés.» Il est aussi écrit : «Le traitement de ces déchets exclut l’installation d’un incinérateur sur ce site.» Pourtant, dans une interview parue dans «l’express» de vendredi, Patrice Wadley, Chief Executive Officer de Veolia Recycling & Environmental Services (Mauritius) Ltd et consultant en Environmental Impact Assessment (EIA), déclarait : «Nous parlons d’incinérateur de dernière génération. (…) S’il y a un problème, nous pouvons stopper l’incinérateur et le réparer avant de reprendre les activités.» Nous avons essayé de clarifier ce point. Une source de Veolia insiste qu’en dépit du fait que dans l’EIA il y a mention de l’aménagement d’un incinérateur, il n’y en aura pas. «Veolia a soumis un dossier complet à l’Environnement, notamment pour les traitements des déchets médicaux, les carcasses d’animaux ou encore du plastique. Pour ces types de déchets, il faudra un incinérateur, mais l’Economic Development Board a accordé un permis uniquement pour traiter les déchets d’hydrocarbures. Dans ce cas, il ne faut pas d’incinérateur. C’est uniquement des déchets qu’ils vont traiter.» Que se passera-t-il si Veolia veut brûler les déchets médicaux alors qu’il aura déjà un permis d’EIA? «L’EDB doit lui donner un nouveau permis.»


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Lexpress

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