Femme agressée lors d’un rendez-vous Tinder, elle finit en garde à vue

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La jeune femme a déposé plainte à « la police des polices » pour les « humiliations » qu’elle aurait subies au commissariat de Montrouge.

« C’était hallucinant ». Deux jours après, Marion* n’en revient toujours pas. Cette jeune femme de 32 ans a été placée en garde à vue au commissariat de Montrouge (Hauts-de-Seine) après avoir voulu déposer plainte pour une agression. Dénonçant des violences policières, elle dit avoir saisi l’IGPN via une pré-plainte en ligne. Elle nous raconte sa soirée.

La nuit de lundi à mardi avait déjà mal commencé pour cette salariée dans une agence de gestion locative. Ce soir-là, son rendez-vous à Châtillon chez un homme rencontré sur Tinder tourne au vinaigre. Selon son récit, lorsque Marion refuse les avances de son prétendant, celui-ci l’aurait agressé. « Il a tenté de m’embrasser, je l’ai repoussé, il m’a poussée vers la porte. Il a claqué plusieurs fois la porte sur mon corps, alors que je voulais récupérer mes affaires. Puis sur le palier, il m’a saisie à la gorge », retrace-t-elle. Ecchymoses dans le dos, sur les jambes, la jeune femme bénéficiera d’un jour d’Interruption total de travail (ITT) pour cette agression. « C’était complètement disproportionné, j’avais juste dit non ».

Choquée, Marion appelle la police. Un équipage arrive quelques minutes plus tard au pied de l’immeuble de son agresseur présumé. Ce dernier est entendu par les fonctionnaires et Marion est interrogée : « Ils m’ont rapidement demandé si j’avais bu mais je n’avais bu que quatre verres… »

Menottée à un banc puis descendue en cellule

La victime est alors emmenée au commissariat de Montrouge en vue d’un dépôt de plainte. Il est un peu plus de minuit et demi et le cauchemar commence. Marion est installée dans la salle d’attente où elle se trouve seule. Son alcoolémie est mesurée et elle attend. Et lorsqu’elle insiste pour déposer plainte, un policier lui aurait rétorqué : « Vous êtes sûre ? Il peut prendre quinze ans, ça pourrait gâcher sa vie… »

« Elle était en état d’alcoolémie au-delà du seuil autorisé. Les policiers auraient pu la placer en cellule de dégrisement mais ils ne l’ont pas fait car elle se présentait comme victime. Ils lui ont donc proposé d’attendre dans la salle d’attente avant de porter plainte et de pouvoir s’expliquer plus clairement », nuance le parquet de Nanterre, contacté par Le Parisien.

Marion appelle son avocat qui contacte plusieurs fois le commissariat pour comprendre la situation. « Ils m’ont dit que ma cliente était hystérique et incohérente, s’étonne Me Philippe-Henry Honegger. Mais je l’avais eue plusieurs fois au téléphone, elle avait tous ses esprits. ». Marion ajoute pour prouver sa sobriété : « J’ai échangé plusieurs textos en anglais avec un locataire à la porte. Je les ai relus plus tard, il n’y a aucune faute. »

« J’ai fini par lui conseiller de partir », raconte l’avocat. Marion prend alors ses affaires et se dirige vers la sortie. Il est bientôt 3 heures du matin et la situation dégénère, assure la jeune femme. « L’un des policiers hurle qu’il ne faut pas me laisser partir, ils se sont mis à trois sur moi. Le haut de ma robe a été quasiment arraché, mon téléphone confisqué. Ils ont fini par me menotter à un banc. » Selon le parquet, Marion se serait débattue, les aurait repoussés violemment et aurait tenté de leur porter des coups en criant.

« Je vais te faire une palpation, ça va te calmer »

Là, elle reconnaît avoir perdu patience et s’être agitée. « Une femme policière a ajouté Je vais te faire une palpation, ça va te calmer », raconte Marion. La nuit est très avancée, sa plainte n’a toujours pas été prise et elle n’a toujours pas vu de médecin.

Toujours selon son récit, elle est finalement descendue en cellule. « L’une des menottes me sciait les os du poignet et j’ai eu peur que l’un des policiers me démette l’épaule », raconte Marion qui se présente comme une jeune femme « grande, ne pesant pas plus de 60 kg ». Elle continue, toujours en colère : « On m’a fait enlever mon soutien-gorge, mes lacets. On ne m’a pas expliqué pourquoi j’étais placée en cellule… » Elle y serait restée plusieurs heures sans eau, sans possibilité d’aller aux toilettes : « J’ai sonné plusieurs fois, personne n’est venu. J’ai fini par faire mes besoins dans un coin de la cellule ». À quelques mètres de là où elle s’endormira finalement.

Ce n’est que vers 5h30 qu’elle apprend qu’elle est placée en garde à vue pour outrage et rébellion. « J’ai soi-disant fait mine de vouloir en découdre », répète la jeune femme, perplexe. Elle ne retrouvera son avocat que vers midi pour l’audition. « Elle avait des ecchymoses aux bras, aux poignets », décrit Me Honegger. Pour ces bleus-là, l’unité médico-judiciaire (UMJ) de Garches lui prescrira un jour d’ITT supplémentaire. C’est sans compter un examen avec un autre médecin qui devrait évaluer prochainement le retentissement psychologique accusé par Marion qui aura passé plus de douze heures dans ce commissariat.

« On m’a humiliée »

Mercredi, Marion a saisi l’IGPN via une pré-plainte. Elle attend désormais sa convocation par la police des polices : « Je veux juste qu’on reconnaisse qu’on m’a humiliée, traitée pire qu’un animal et qu’on me demande pardon. » Pour les faits d’outrage et rébellion qu’elle conteste, elle est convoquée à une audience en 2020, nous indique encore le parquet.

La jeune femme a également réussi à déposer plainte pour violences volontaires subies à la fin de son rendez-vous Tinder. On ne sait pas si l’agresseur présumé a été convoqué et s’il sera poursuivi. « Mais c’est kafkaïen, s’étonne Me Honegger, les policiers qui devraient enquêter feront dans le même temps l’objet d’une enquête de la police des polices ».

Contacté, le commissariat de Montrouge n’a pas souhaité faire de commentaires et la préfecture de police n’a pas encore donné suite à nos sollicitations.

*Le prénom a été changé

D’après le Parisien

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