La revue « Critique internationale » explore les frontières mortifères de l’Europe

0
152

[ad_1]

La revue trimestrielle se penche le sort des migrants et sur la violence et les morts inhérents au « régime des frontières » instauré par l’Union européenne.

Par Publié aujourd’hui à 06h30

Temps de Lecture 2 min.

Article réservé aux abonnés

La revue des revues. Les frontières de l’Europe, loin d’être les « passoires » que nous décrivent certains hommes politiques, sont devenues de véritables cimetières. En 2018, le taux de mortalité des migrants qui traversent la Méditerranée a atteint des niveaux inédits : près de 20 % des personnes qui sont montées sur une embarcation en Libye sont mortes ou ont disparu au cours de leur voyage. C’est ce terrible « régime des frontières » mis en place par l’Union européenne et ses Etats depuis une vingtaine d’années qu’explore la revue Critique internationale dans un excellent numéro intitulé « Corps migrants aux frontières méditerranéennes de l’Europe ».

« Afin d’éviter d’être identifiés, enfermés et expulsés, les migrants empruntent des itinéraires de plus en plus dangereux », expliquent la politiste Marie Bassi et la sociologue Farida Souiah

Pour la politiste Marie Bassi et la sociologue Farida Souiah, ces morts ne sont pas le fruit de la fatalité ou du destin. « La nature létale du régime des frontières est désormais démontrée, écrivent-elles. (…) La multiplication des contrôles frontaliers a fait évoluer les routes migratoires. Afin d’éviter d’être identifiés, enfermés et expulsés, les migrants empruntent des itinéraires de plus en plus dangereux. Ainsi, plusieurs recherches ont montré que l’augmentation du nombre de morts résulte de l’interaction entre l’agency (agentivité) des migrants, l’activité des passeurs et les politiques migratoires restrictives. »

Ces milliers de morts sont le plus souvent négligés, voire volontairement oubliés, par les autorités des pays de l’Europe, mais aussi du Maghreb. L’anthropologue Carolina Kobelinsky raconte ainsi, dans ce numéro, la manière dont les Maliens prennent en charge leurs compagnons décédés lors du franchissement de la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla : ce sont eux qui organisent les moments de recueillement, eux qui improvisent les cérémonies œcuméniques, eux qui alertent les familles restées au pays. « La mort est omniprésente pendant la traversée vers l’Europe », conclut-elle.

Le résultat d’un régime d’exclusion

L’anthropologue Valentina Zagaria a, elle, mené une recherche ethnographique sur Zarzis, un terrain tunisien isolé anciennement utilisé comme décharge, et qui sert aujourd’hui de dernière demeure aux dépouilles mortelles des migrants. Aucune clôture, aucun signe d’identification, quelques monticules : la terre est « parsemée de sacs en plastique colorés, d’ustensiles en train de rouiller, de gravats et même d’os », pour le docteur Mongi Slim, président régional du Croissant-Rouge tunisien, certains d’entre eux sont des os de migrants déterrés par le vent.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: