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OLGA KRAVETS POUR « LE MONDE »
ReportageRéservé à nos abonnés
Ces retraités français se sont rendus aux confins du pays en juin pour rencontrer leurs quatre petits-enfants et leur belle-fille, retenus dans un camp réservé aux familles d’ex-membres de l’organisation Etat islamique. « Le Monde » les a suivis dans leur recherche.
Les Lopez aiment les voyages. Celui que ce couple de retraités parisiens a entrepris en juin s’est arrêté face à la clôture métallique d’un camp de réfugiés, aux confins de la Syrie, de l’Irak et de la Turquie. Bloqués à l’entrée, ils attendent l’autorisation d’accéder aux installations. Par-delà les grilles s’étend un panorama de fin du monde : des centaines de tentes usées, teintées d’ocre par le désert qui avance. Leur belle-fille de 29 ans et leurs quatre petits-fils sont là, quelque part, encore invisibles.
Il y a quatre ans, la jeune femme et leur fils, Léonard, aujourd’hui condamné à mort à Bagdad, avaient rallié le territoire de l’organisation Etat islamique (EI) avec leurs deux aînés. Deux autres enfants sont nés sur place. Voilà quatorze mois qu’ils ont échoué avec leur mère dans ce camp baptisé « Roj », (« soleil », en kurde), où vivent des centaines d’autres femmes et d’enfants venus d’Europe, d’Asie et d’ailleurs pour rejoindre le califat, avant d’être arrêtés par les forces kurdes syriennes.
La frontière turque est à 15 kilomètres au nord, celle de l’Irak à 30 kilomètres à l’ouest. Marc et Suzanne – leurs prénoms ont été modifiés – Lopez, 65 et 63 ans, l’un et l’autre anciens éducateurs, sont les premiers Français à oser un tel périple vers ces régions désolées pour tenter de rencontrer leurs petits-enfants. D’autres parents de djihadistes sont également du voyage : une mère somalo-suédoise et un couple d’Autrichiens d’origines chilienne et turque. Ensemble, ils occupent le rez-de-chaussée d’une maison à Al-Maabadah, la bourgade voisine.
Devant les grilles du camp, les Lopez ont chaud et soif, ils n’en peuvent plus de respirer un air traversé d’effluves de fuel. Parmi les tentes, de l’autre côté de la clôture, se dresse une pompe à pétrole. L’engin est à l’arrêt, le bec en l’air comme un échassier frappé par la foudre. Soudain, des pleurs d’enfants se font entendre. « C’est donc là qu’ils vivent », souffle M. Lopez. Il échange quelques mots étranglés avec son épouse. Bientôt, ils devraient voir « les petits », comme ils disent. L’homme à la kalachnikov, en uniforme vert olive, leur a demandé de patienter. Peut-être est-ce bientôt la fin de cette expédition…
La veille, alors qu’ils venaient d’obtenir enfin l’autorisation de venir ici, ils avaient accepté de raconter leur histoire au Monde. Nous les avions retrouvés dans leur maison d’Al-Maabadah. Pour préserver la fraîcheur, la pièce était plongée dans une semi-pénombre, un ventilateur brassait l’air tiède.
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