comment Félix Tshisekedi a imposé un candidat face à Lambert Mende dans le Sankuru – JeuneAfrique.com

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La candidature de Joseph Stéphane Mukumadi au poste de gouverneur de la province du Sankuru, face à Lambert Mende, a finalement été réhabilitée par la Ceni. Félix Tshisekedi a largement contribué à cette remise en selle du candidat indépendant. L’ancien porte-parole du gouvernement sous Joseph Kabila, qui pensait être seul en lice, ne décolère pas.


Lambert Mende est en colère. Celui qui fut l’inamovible porte-parole des gouvernement de la présidence de Joseph Kabila est furieux contre la décision de la Commission électorale nationale indépendante, rendue publique mardi, de fixer au 10 juillet l’élection du futur gouverneur de la province du Sankuru.

Là où le candidat du Front commun pour le Congo – la coalition de Joseph Kabila – pensait être seul en lice après l’invalidation de son concurrent Joseph Stéphane Mukumadi, la Ceni l’a remis en selle. Sans surprise, Lambert Mende a porté l’affaire devant la Cour constitutionnelle, jugeant « illégal » le calendrier publié par la Commission électorale.

Si elle a déclenché l’ire de Mende, cette décision de la Ceni de réhabiliter la candidature de Joseph Stéphane Mukumadi a aussi surpris nombre d’observateurs. Elle est le fruit de longues et complexes négociations, dans lesquelles le président Félix Tshisekedi s’est personnellement impliqué.

Invalidation, reports et tractations

Au départ de cet imbroglio politico-judiciaire, il y a l’invalidation de la candidature de Joseph Stéphane Mukumadi, fin février par la Cour d’appel de la province de Sankuru, qui avait été saisie par la Convention des Congolais unis, le parti de Mende. Motif invoqué : Mukumadi détenait une nationalité étrangère, ce qui lui interdirait de se porter candidat à une élection.

L’affaire a été portée devant le Conseil d’État, qui a réclamé la réhabilitation du candidat écarté. Mais la Ceni, qualifiant cette injonction « d’illégale », l’avait purement et simplement rejetée.

Avec même le soutien du Conseil supérieur de la magistrature. Un organe dont le président,  Benoît Lwamba Bindu, préside également la Cour constitutionnelle à la tête de laquelle il a été nommé par Joseph Kabila, qui avait alors même menacé les magistrats du Conseil d’État de sanctions disciplinaires.

L’élection du gouverneur du Sankuru, initialement programmée le 10 avril, a d’abord été reportée au 13. Avant d’être à nouveau reportée, le quorum n’ayant pas été atteint au sein de l’Assemblée provinciale.

C’est le lendemain, le dimanche 14 avril, que Félix Tshisekedi a décidé de se saisir de l’épineux dossier. Le président congolais, qui se trouvait à Goma dans la province du Nord-Kivu, reçoit un rapport rédigé par Vital Kamerhe, son directeur de cabinet, et Basile Olongo, le vice-Premier ministre intérimaire en charge de l’Intérieur et de la Sécurité. Leur conclusion est sans appel : la situation est « extrêmement grave » et des risques de violences sont réels si Lambert Mende est le seul candidat en lice.

Félix Tshisekedi charge alors Basile Olongo, de demander à la Ceni de reporter sine die le scrutin fixé au lundi 15 avril. À peine ce dernier s’est-il exécuté, qu’il reçoit une pluie d’appels de ses alliés du FCC, la coalition qui s’est choisie Joseph Kabila pour « autorité morale » dont est issue Olongo. Cadres, et même ministres, l’accusent alors d’avoir prêté allégeance à Félix Tshisekedi contre un membre influent de son propre groupement politique…

Rencontre avec les notables du Sankuru

De retour à Kinshasa, Félix Tshisekedi n’en confie pas moins la gestion du dossier à Basile Olongo, chargé par le président réunir les notabilités de la province de Sankuru. C’est chose faite le 7 mai, lors d’une réunion à la cité de l’Union Africaine présidée par Félix Tshisekedi à laquelle participent notamment Christophe Lutundula, She Okitundu et Charles Lokoto.

Lambert Mende n’y est pas. « On m’a appelé 5 minutes avant l’entrée du président dans la salle, et j’étais loin de la ville. C’est Basile Olongo qui a pris les soins de m’écarter », affirme-t-il aujourd’hui à Jeune Afrique.

Félix Tshisekedi était résolu à obtenir la réhabilitation de la candidature de Joseph Stéphane Mukumadi

Ce jour-là, parmi les propositions soumises au président de la République figure la réouverture de l’enregistrement de nouvelles candidatures, afin d’éviter une élection à un seul candidat. Plusieurs des participants préviennent : une candidature unique de Lambert Mende ouvrait la porte à des risques sérieux de violences, voire de troubles ethniques.

« Félix Tshisekedi était alors résolu, au nom de la préservation de la sérénité et de la paix sociale, à obtenir la réhabilitation de la candidature de Joseph Stéphane Mukumadi », assure à Jeune Afrique une source dans l’entourage du président. Le chef de l’État s’était alors également « engagé à faire respecter la Constitution sur cette question ».

En clair, il fallait trouver une voie légale pour appliquer la décision présidentielle. « Ce que nous avons demandé au chef de l’État, c’est de jouer son rôle d’arbitre », assure à JA le président de l’Assemblée provinciale du Sankuru, Benoît Olamba. « Pour l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs, nous ne pouvons convoquer nos parlementaires qu’à la seule condition que la Ceni exécute l’arrêt du conseil d’État, et nous livre un calendrier et la liste des candidats ».

Mende mécontent, Mukumadi prudent

Mis devant le fait accompli mardi, Lambert Mende a décidé de saisir la Cour constitutionnelle. « Concernant les contentieux portant sur les listes électorales, la décision d’une Cour d’appel est prise en dernier ressort et ne peut faire l’objet d’aucun recours », argue ce proche de Joseph Kabila.

« La décision du conseil d’État sur laquelle la Ceni s’appuie pour modifier le calendrier et la liste des candidats est une décision qui se base sur un arrêt totalement inconstitutionnel et illégal ». Et Lambert Mende d’ajouter : « Nous ne pouvons pas laisser passer une illégalité juste pour complaire à un magistrat corrompu. »

Du côté du candidat indépendant, sans doute échaudé par les multiples rebondissements de cette affaire, on se montre extrêmement prudent. Lui-même se refuse pour le moment à tout commentaire. Contacté par Jeune Afrique, l’entourage de Joseph Stéphane Mukumadi justifie : « Nous avons pris l’option de garder encore le silence, de voir comment les choses vont évoluer, avant de réagir ».



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JeuneAfrique

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