« Le multilatéralisme survivra à Trump »

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Le multilatéralisme, né à Versailles il y a cent ans avec la Société des nations et aujourd’hui incarné par l’ONU, reste enraciné dans le système international, que le président américain soit ou non réélu en 2020, estime le politiste Franck Petiteville dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 06h15 Temps de Lecture 3 min.

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Tribune. Le traité de Versailles a instauré une paix de vainqueurs. Le caractère inégal de ce traité – dans les responsabilités imputées à l’Allemagne et les punitions qu’il lui a infligées – a été largement documenté et débattu par les historiens, de même que les conséquences déstabilisatrices du traité pour la République de Weimar et l’exploitation du Diktat par le nazisme. Mais la négociation du traité de Versailles s’est aussi accompagnée de la création de la Société des nations (SDN, dont le pacte fut annexé au traité), première organisation de sécurité collective de l’histoire. Affaiblie d’emblée par la défection des Etats-Unis, la SDN n’a su éviter ni les coups de force des années 1930, ni la marche vers la seconde guerre mondiale. Mais avec elle, l’idée que la sécurité des Etats doit être gérée collectivement, et que les agressions armées doivent faire l’objet d’une réponse concertée, s’est imposée. On retrouve cette doctrine dans la charte de l’ONU sur un mode renforcé (le chapitre VII qui, potentiellement, fait de l’ONU une « SDN avec des dents »).

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Quel que soit le jugement que l’on porte aujourd’hui sur l’ONU, celle-ci a su agréger les Etats du monde à mesure des grandes transformations des relations internationales (la décolonisation, la fin de la guerre froide) et se démultiplier (de 51 Etats à 193 aujourd’hui). Le caractère multifonctionnel du multilatéralisme onusien aujourd’hui est tel – développement, maintien de la paix, protection de l’environnement, humanitaire, etc. – que l’organisation septuagénaire a désormais peu à voir avec ce qu’elle était en 1945. Certes, des blocages demeurent, à commencer par la composition du Conseil de sécurité (inchangée depuis l’élargissement de 11 à 15 membres en 1965) et suscite la frustration croissante de puissances émergentes (Inde, Brésil notamment) et des pays africains.

L’ONU est loin d’être à la hauteur de certaines des crises actuelles. Mais la responsabilité est à rechercher du côté des grandes puissances

L’ONU souffre aussi du décalage entre l’ampleur des fonctions planétaires que les Etats lui assignent (les 17 « objectifs de développement durable » à atteindre d’ici à 2030) et la maigreur des moyens qu’ils continuent de lui accorder. De fait, les ressources financières cumulées des organisations internationales (toutes institutions onusiennes et de Bretton Woods confondues ainsi que l’Organisation mondiale du commerce) pèsent moins de 3 % des dépenses militaires des Etats dans le monde. Enfin, l’ONU est loin d’être à la hauteur de certaines des pires crises actuelles du monde. Mais la responsabilité est alors à rechercher du côté des grandes puissances (la douzaine de veto russes au Conseil de sécurité sur la guerre en Syrie en étant l’exemple actuel le plus significatif).

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