A Jérusalem, l’impuissance des gardiens jordaniens de l’esplanade des Mosquées

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Après la conquête de Jérusalem-Est en 1967, les Israéliens avaient décidé de laisser à la Jordanie la gestion du mont du Temple. Un statu quo fragile, mis en danger par les extrémistes juifs.

Par Publié aujourd’hui à 02h24

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La mosquée Al-Aqsa rénovée par le Waqf, en janvier 2018.
La mosquée Al-Aqsa rénovée par le Waqf, en janvier 2018. THOMAS COEX / AFP

LETTRE DE JÉRUSALEM

Le téléphone sonne devant Azzam Al-Khatib. Les images de vidéosurveillance qu’il peut consulter en permanence sur son ordinateur n’indiquent aucun incident particulier sur l’esplanade des Mosquées (mont du Temple pour les juifs), ou « noble sanctuaire » (Haram al-Sharif). Il est tôt. Les fidèles sont rares, les touristes commencent à affluer vers la vieille ville de Jérusalem. Le troisième lieu saint de l’islam s’anime doucement. Le téléphone sonne, pourtant, et le directeur du Waqf, la fondation pieuse jordanienne qui gère l’esplanade, comprend vite qu’il s’agit d’une mauvaise nouvelle. Deux employés viennent d’être arrêtés par les policiers israéliens.

Il s’agit du directeur de la rénovation et d’un ouvrier. Ils avaient pris l’initiative de réparer un bout de dalle cassé. Faute. « Nous n’avons plus le droit de changer la moindre ampoule, dit Azzam Al-Khatib. On nous a demandé de ne rien faire sans l’autorisation préalable de la police israélienne, sous peine d’arrestation. On ne peut plus travailler. »

Selon le directeur, cinquante-six membres du Waqf ont été interpellés pour différentes raisons ces derniers mois. Une dizaine d’entre eux sont frappés par des interdictions de se rendre sur le site, de durée variable, avec un maximum de six mois renouvelable. Contacté, le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld, dit ne pas disposer de statistiques sur le sujet.

« Un changement dans le statu quo historique »

Certains de ces employés arrêtés ont participé à la réouverture, de force, de la porte Dorée à la mi-février, un accès à l’esplanade fermé depuis 2003. D’autres se sont opposés à des groupes de juifs messianiques, venant prier sous la protection de la police alors que cela leur est interdit en vertu du statu quo en vigueur.

Le nombre de ces visiteurs, qui se présentent lors des horaires prévus pour les touristes, ne cesse d’augmenter. Ils étaient près de 30 000 en 2018, selon le Waqf, à se rendre sur ce lieu saint pour les deux confessions, où se sont dressés le Premier et le Deuxième Temple juif.

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Après la conquête de Jérusalem-Est en 1967, le ministre israélien de la défense Moshe Dayan avait décidé de laisser à la Jordanie la gestion du mont du Temple. Depuis, les rapports entre le Waqf et l’Etat hébreu ont été très fluctuants, surtout à compter de la seconde Intifada, au début des années 2000.

« Il y a un changement dans le statu quo historique, dit Azzam Al-Khatib. Avant, quand les extrémistes juifs pénétraient sur l’esplanade et priaient, on intervenait. Maintenant, les employés du Waqf risquent d’être traduits devant les tribunaux pour ça. J’en suis certain, les Israéliens veulent que le lieu saint soit placé sous l’autorité de leur ministère des antiquités. La situation est explosive, tout cela va conduire à une guerre religieuse, alors que nous souhaitons une Jérusalem ouverte et paisible. Plus il y a d’extrémistes juifs ici, et plus il y a de jeunes musulmans en face qui sont prêts à défendre Al-Aqsa par tous les moyens, quitte à se sacrifier. »

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