quand le philosophe déconstruit l’Europe

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Dans son dernier essai, « L’Europe fantôme », le philosophe analyse le délitement politique de l’Union européenne.

Par Uriel Gadessaud et Nicolas Truong Publié aujourd’hui à 06h00

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Régis Debray, en avril 2017.
Régis Debray, en avril 2017. Francesca Mantovani/Editions Gallimard

Le livre. L’ironie est cinglante. Et l’image se veut accablante : « On attendait Érasme, c’est M. Moscovici qui est arrivé. » L’Europe est une « idée défunte », écrit Régis Debray dans L’Europe fantôme, pavane pour une utopie à l’agonie. En 1945 déjà, Paul Valéry, poète amoureux du Vieux Continent, écrivait : « L’Europe est finie. » Qu’un tel constat n’ait pu être compris des élites, prisonnières, selon Régis Debray, d’un angélisme qui confine à l’aveuglement, alors que l’Union européenne, déliquescente aujourd’hui, portait dès sa naissance en elle les germes de son échec, est une bizarrerie que tente d’expliquer ce court essai.

Les extraits de l’ouvrage. Régis Debray : « On attendait Érasme, c’est M. Moscovici qui est arrivé »

L’« envie d’Europe » y est interprétée comme un palliatif à l’effondrement des grandes idéologies qui galvanisèrent le XXe siècle. Elle ne se concrétisa que par l’alliance improbable de deux tendances opposées, la social-démocratie et la démocratie chrétienne, mais réunies dans une même approche téléologique de l’histoire. Las, la Nouvelle Jérusalem tant attendue est un édifice qui sonne creux, tout juste bonne à faire battre le cœur des technocrates bruxellois.

La Nouvelle Jérusalem tant attendue est un édifice qui sonne creux, tout juste bonne à faire battre le cœur des technocrates bruxellois

Nonobstant les invariants qui forment un Etat, l’Union européenne serait une entité techno juridique, dont l’apolitisme se traduit par un déficit symbolique et un rejet démocratique. L’auteur de Eloge des frontières (Gallimard, 2010) rappelle ainsi qu’« exister, c’est se séparer ». Il en conclut que le flou géographique dans lequel se meut l’Union empêche la création d’une identité partagée par tous les citoyens, ou l’émergence d’un quelconque sentiment d’attachement. Combien sont vaines, dès lors, les initiatives dites « pro-européennes » qui, à l’instar du projet d’armée commune du président français, feignent d’ignorer ces déterminants essentiels.

« Inculturation »

Sans surprise, Régis Debray voit dans l’Union européenne un pion aux mains des Américains, maîtres de l’échiquier mondial depuis l’effondrement du monde soviétique. L’originalité de son analyse vient de ce qu’il considère que les Etats-Unis ne conquirent pas tant l’Europe qu’ils profitèrent d’un « vide ». Ce « vide » aurait été provoqué par un processus d’« inculturation », autrement dit par la dissolution de l’européanité dans l’occidentalité américanisée.

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