Blanchiment d’argent: Ricardo Agathe, le marchand de fruits qui vaut des millions

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La maison de Ricardo Agathe (en médaillon) détonne avec les alentours, à la rue Cornu, à Ste-Croix. De même que ses voitures saisies cette semaine par l’ICAC.

 

La maison de Ricardo Agathe (en médaillon) détonne avec les alentours, à la rue Cornu, à Ste-Croix. De même que ses voitures saisies cette semaine par l’ICAC.

 

Il n’aurait pas eu une vie facile. Mais Ricardo Agathe, alias Cardo et Tipom, a changé la donne. Quitte à avoir les mains sales. Originaire de SteCroix, cet homme de 42 ans a vu son train de vie changer petit à petit au fil des années. De marchand de fruits à millionnaire, il s’est taillé une réputation et compte plusieurs arrestations à son actif. «Vann fri-la enn paravan sa», laisse-t-on entendre dans les quartiers de sa localité. S’il est derrière les barreaux depuis mars, ce lundi 17 juin, il s’est de nouveau retrouvé sous le feu des projecteurs. Lorsque l’Independent Commission against Corruption (ICAC) a saisi des biens lui appartenant, estimés à pas moins de Rs 40 millions… Parcours.

Ricardo Agathe est décrit comme quelqu’un de discret dans le quartier. Sa maison, elle, l’est moins : un deux étages sur une grande superficie en flagrant contraste avec les alentours, à la rue Cornu, Ste-Croix.

C’est en 2009, qu’il connaît ses premiers déboires avec la justice. Il est alors reconnu coupable pour possession de 329 comprimés de Subutex.

En 2011, Cardo se fait remarquer lors d’un incident. Il débarque à l’aéroport avec des sabres et des barres de fer pour agresser deux Mozambicains qui s’apprêtaient à quitter le pays avec Rs 9 millions afin d’importer des fleurs artificielles. Toutefois, les limiers de l’Anti-Drug and Smuggling Unit obtiennent des renseignements selon lesquels Ricardo Agathe les avait sollicités pour livrer 3,5 kilos d’héroïne.

En 2014, la somme de Rs 700 000 est retrouvée chez lui à Ste-Croix. À partir de là, les perquisitions s’enchaînent. Au début de 2015, 2 240 dinars, soit Rs 21 000 ; Rs 500 000 ; 300 euros, soit Rs 12 279 (taux du jour) ; 4 000 euros, soit Rs 163 720 et Rs 3,3 millions sont découverts dissimulés entre des pages de magazines à bord de sa voiture, une BMW. La même année, Rs 2,7 millions sont retrouvées dans sa salle de bains. Soit un total d’environ Rs 7 millions sur cette courte période.

En 2017, l’ICAC procède à un premier gel de ses avoirs. Son compte bancaire est gelé, un terrain de 357 m2 situé à la rue Baudot-Louis-Champville, Ste-Croix, estimé à Rs 300 000, et deux autres terrains à Mare-d’Australia et Flacq évalués à Rs 1,2 million sont mis sous scellés. Les biens de 15 de ses proches sont en parallèle saisis.

Dans la foulée, une Nissan Cabstar appartenant à Subhasco Kenty Laval Agathe est saisie et l’ancien propriétaire n’est autre que Ricardo Agathe. En outre, une Peugeot 103, deux motos Honda, une BMW X6 et un 4 x 4 Mitsubishi Sportero sont aussi saisis.

La moisson a continué cette semaine, où plusieurs bolides de Ricardo Agathe ont été retrouvés dans divers endroits. Les véhicules en possession de ses amis comprennent : une Mercedes SLK 200 ; une Mazda RX-8 ; une Audi A 3 décapotable; une Mitshubishi Pajero aux jantes chromées, avec une sonorisation JBL assortie d’un écran LCD; une Honda CBR 1000 ; une Mitsubishi L 200 ; une BMW X 6 et une Nissan Skyline Cabriolet. Une pension de famille du nom de Kapy, située à Baie-du-Tombeau, a été également mise sous scellés.

Autre fait important que l’on retient, est la découverte de portables dans sa cellule lors d’une fouille en 2017. Un carnet dans lequel figurait le nom de Sachdanand Poye, le Leading Prison Officer de la prison de Beau-Bassin, arrêté avec de la drogue, avait aussi été retrouvé. Il a ainsi été interrogé par la Commission de drogue dirigée par Paul Lam Shang Leen.

Ricardo Agathe est en détention depuis son arrestation le 29 mars 2019, sous une charge provisoire de «drug dealing to procure heroin with aggravating circumstances with averment of trafficking». Il est accusé d’être allé récupérer Rs 18,8 millions d’héroïne auprès d’un Sud-Africain, Mabadla Ncamsio Ngwengya, à Flic-en-Flac, en compagnie de Mohammad Aboo Taleb Ziyaad Lallmahamood, un habitant de Plaine-Verte.

Arrêtée mardi matin dans le sillage de la nouvelle saisie, Christina Agathe, l’épouse de Ricardo Agathe, a recouvré la liberté contre une caution de Rs 900 000 et une reconnaissance de dette de Rs 3 millions mercredi.

Le modus operandi

Le blanchiment d’argent n’est pas un phénomène nouveau. Dans le cas des six suspects interpellés en début de semaine, c’est le luxe qu’ils s’offrent à modifier leurs voitures qui a mis la puce à l’oreille des enquêteurs de l’ICAC. Ces modifications peuvent s’élever jusqu’à Rs 800 000. Ce processus est une manière de dissimuler la provenance criminelle, dont à travers le trafic de drogue et la corruption, de capitaux et patrimoines. Selon une source à l’ICAC, c’est pour effacer toute trace de méfaits. «À travers l’Intelligence Unit, grâce à des plaintes anonymes, nous travaillons et surveillons les mouvements de ceux qui achètent beaucoup de propriétés en peu de temps. Le nombre de voyages par an, leur style de vie luxueux et douteux interpellent.» D’ailleurs, ajoute notre interlocuteur, la collaboration du public afin de traquer les cas de blanchiment d’argent est encouragée.

Appréhendés mardi : la vie «bling-bling» des «Young Money»

Leg: (De gauche à droite) Ashley Mootoosamy, Gaël Piron, Bryan Labonne, Ashley Larose et Niven Thondee, interpellés mardi, affichent ouvertement leurs richesses sur les réseaux sociaux.

Seraient-ils liés à Ricardo Agathe ? Ou à un présumé commanditaire à la tête d’un nouveau réseau de blanchiment d’argent qui sévit à Pailles ? Alors que l’Independent Commission against Corruption (ICAC) traque les biens d’Agathe, six suspects ont été interpellés, le mardi 18 juin, et ont été longuement interrogés par les autorités. Il s’agit de Gaël Piron, Michaëla Piron, Bryan Labonne, Ashley Larose, Ashley Mootoosamy et Niven Thondee. Hormis leur implication probable dans ces deux réseaux, ces hommes âgés entre la vingtaine et la trentaine, ont un autre point en commun : leur style de vie «bling-bling»…

Chaînes, bagues et dents en or; vêtements de marques; gros bolides… Sur les réseaux sociaux, ils n’hésitent pas à afficher leurs richesses, parfois de façon ostentatoire. Ces hommes s’identifient d’ailleurs en tant que «Young Money Cash Money», – emprunté au nom du label de musique du rappeur américain Lil Wayne – pour dire qu’ils sont jeunes et riches. La seule qui demeure discrète est Michaëla Piron.

En plus de leur goût pour tout ce qui brille et leurs habits tape à l’œil, les suspects se montrent souvent à différentes soirées. Une autre de leur passion serait le Tuning de voitures et de motos afin de participer à de rallyes.

Si ces personnes ont été inquiétées par l’ICAC, c’est notamment parce que leur style de vie tranche avec leurs revenus générés par leurs métiers respectifs, qui sont d’autant plus instables. Ils sont maçons, aides-maçons et éleveurs de porcs, entre autres. Leur ascension fulgurante ainsi que leurs maisons luxueuses à Port-Louis, Albion, Résidence Barkly, Roche-Bois et Riche-Terre n’ont pas manqué d’éveiller les soupçons de l’ICAC.

Bryan Labonne a déjà été arrêté en 2016 pour blanchiment d’argent. Il était en possession de Rs 900 000, à résidence Barkly. Toutefois, il avait expliqué aux enquêteurs de l’Anti-Drug and Smuggling Unit qu’il avait gagné cet argent aux courses.

Si les enquêteurs de l’ICAC ont pu mettre la main sur ces six suspects, c’est au tour du présumé commanditaire d’être entendu dans les jours à venir, ayant été absent au moment où les limiers et les enquêteurs de l’ICAC ont voulu l’appréhender.


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Lexpress

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