« La France doit rapatrier ses ressortissants en Irak pour rendre justice aux Yézidis »

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Le rôle des Français qui ont rejoint les rangs de l’organisation Etat islamique dans les crimes commis contre la minorité de la région du Sinjar doit être établi par la justice française. Cet élément trop souvent oublié dans le débat, estime l’avocate Natia Navrouzov, dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 10h16 Temps de Lecture 4 min.

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« Il est impossible que les onze Français condamnés à mort aient pu ignorer le sort horrible réservé par leur groupe à cette communauté depuis août 2014 »(Photo: manifestation, en majorité de femmes, de soutien aux yézidis et aux chrétiens d’Irak à Paris, le 13 août 2014).
« Il est impossible que les onze Français condamnés à mort aient pu ignorer le sort horrible réservé par leur groupe à cette communauté depuis août 2014 »(Photo: manifestation, en majorité de femmes, de soutien aux yézidis et aux chrétiens d’Irak à Paris, le 13 août 2014). BERTRAND GUAY / AFP

Tribune. Après la condamnation à la peine de mort de onze ressortissants français pour leur appartenance à l’organisation Etat islamique (EI) par la cour pénale d’Al-Karkh à Bagdad en mai, la France se déchire sur la question de leur rapatriement.

Une grande partie de l’opinion publique y est hostile, hantée par les attentats qui ont frappé le pays ces dernières années. Le gouvernement semble s’y plier et s’embourbe dans une position non tenable : il ne montre aucune volonté de rapatrier ses ressortissants mais ne souhaite pas leur voir appliquer la peine de mort dans un pays qui l’applique pourtant.

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Dans une tribune publiée par Franceinfo, le 3 juin, 45 avocats français ont pris position en faveur de ce rapatriement, pour éviter des exécutions qui laisseraient « une tache indéniable sur le mandat d’Emmanuel Macron ». De telles exécutions laisseraient également une tache indéniable sur les droits de l’homme, la justice internationale pénale et les droits des victimes.

En effet, la peine de mort n’est pas la seule raison pour laquelle ces Français doivent être rapatriés et jugés en France : il faut également rendre justice aux victimes de l’EI en Irak et en Syrie, et plus particulièrement aux victimes yézidies du Sinjar.

Un débat inexistant

L’EI a envahi la région du Sinjar le 3 août 2014 et attaqué la minorité des Yézidis, un groupe ethno-religieux qu’il a qualifié d’infidèle. En quelques jours, 1 293 Yézidis, majoritairement des hommes, ont été massacrés et 6 417 femmes et enfants ont été enlevés. Suivant un plan méticuleux, l’EI a soumis ces femmes à l’esclavage sexuel et a envoyé les enfants dans des camps d’entraînement. Leurs maisons, temples et autres lieux de culte ont été détruits.

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Presque cinq ans plus tard, les Yézidis récemment libérés de Baghouz, dernier bastion de l’EI en Syrie, constatent que rien n’a changé : environ 2 500 Yézidis restent portés disparus, 250 000 vivent toujours dans des camps dans le Kurdistan irakien, le Sinjar est en grande partie détruit et justice n’a pas été rendue.

Au fil des années, beaucoup de pays, dont la France, ont manifesté leur soutien à la communauté. De nombreuses rencontres ont eu lieu entre Emmanuel Macron et Nadia Murad, victime yézidie de l’EI et Prix Nobel de la paix 2018. En partenariat avec cette dernière et dans le cadre d’un programme d’accueil de réfugiés, la France a ainsi accueilli 132 Yézidis en mai.

Sur le plan juridique, aucun lien n’est pourtant fait en France entre ces onze ressortissants français et les crimes que l’organisation à laquelle ils appartiennent a commis à l’encontre des Yézidis. Le débat est inexistant à ce sujet et personne ne se demande si les extrader et les juger en France ne permettrait pas de déterminer s’ils ont pris part à ces crimes. Afin d’honorer ses engagements envers la communauté yézidie, la France doit étendre le débat autour de l’extradition de ses ressortissants à la justice espérée par les victimes depuis maintenant cinq ans.

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