« De plus en plus interdépendants, Pékin et Hongkong paraissent politiquement plus éloignés que jamais »

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Pour Emmanuel Dubois de Prisque, sinologue, dans une tribune au « Monde », la montée des tensions entre la Chine et les Etats-Unis amène les Hongkongais à s’interroger plus encore sur l’avenir de leur territoire.

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 4 min.

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Le 14 juin,  un étudiant attache un ruban blanc lors d’un rassemblement pour soutenir les manifestations en cours à HongKong contre une proposition de loi sur l’extradition présentée à la National Taiwan University de Taipei.
Le 14 juin,  un étudiant attache un ruban blanc lors d’un rassemblement pour soutenir les manifestations en cours à HongKong contre une proposition de loi sur l’extradition présentée à la National Taiwan University de Taipei. SAM YEH / AFP

Tribune. Si l’on se concentre sur la cause immédiate des manifestations qui agitent Hongkong, il est bien difficile de comprendre la colère qui a poussé une foule impressionnante (deux millions de personnes, selon les organisateurs) dans la rue, dimanche 16 juin, alors même que le projet porté par le pouvoir était d’ores et déjà reporté. Pourquoi en effet s’opposer de façon massive à un simple amendement législatif qui aurait dû permettre la mise en place d’une procédure d’extradition de personnes recherchées pour des actes criminels vers différents pays, dont la Chine populaire et Taïwan, alors que de nombreux Etats parfaitement souverains ont déjà signé ce type d’accord avec la Chine ?

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Les Hongkongais, soucieux de tenir Pékin à distance, pourraient au contraire se féliciter de ce que les débats qui agitent Hongkong aujourd’hui témoignent de la réalité de la souveraineté juridique de la région administrative spéciale (RAS), dénomination officielle de Hongkong depuis sa rétrocession à la Chine, en 1997. Les jeunes Hongkongais attachés à leur souveraineté pourraient même se réjouir qu’aujourd’hui encore Hongkong constitue un refuge plus sûr pour les personnes recherchées par la justice chinoise que beaucoup de pays européens, dont la France (où un traité d’extradition avec la Chine en vigueur depuis 2015 a déjà été appliqué à plusieurs reprises).

« Mouvement des parapluies » en 2014

Devant l’ampleur inédite prise par ces manifestations, chacun doit constater que ce projet ne constituait qu’une étincelle dans un contexte de dégradation structurelle des relations entre Pékin et la population hongkongaise. En 2014, le « mouvement des parapluies », causé par les frustrations de la population face aux manques de perspectives de démocratisation de la RAS, avait été marqué par l’avènement d’un mouvement « localiste ».

Composé majoritairement de très jeunes gens, ce mouvement est en rupture totale avec le métarécit chinois, selon lequel la Chine et Hongkong ne constitueraient ensemble qu’une seule « nation », en marche vers une « renaissance » dont la vocation serait d’effacer les humiliations de la colonisation occidentale. Les parapluies brandis par les manifestants symbolisaient cette volonté de ne pas se laisser contaminer par la propagande chinoise.

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Hongkong reste attaché à sa liberté politique et juridique, souvent conçue comme un aspect central de l’identité de cette ville-monde liée à l’Occident non seulement par son histoire, mais aussi par sa géographie, tant elle semble tournée vers la mer et les grands espaces, à mille lieux de l’enfermement derrière les murailles politique et numérique établies par Pékin pour protéger sa population contre le virus de l’influence étrangère.

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