« La justice a été instrumentalisée à des fins politiques »

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La récente publication de messages échangés en ligne par le juge anticorruption, et désormais ministre de la justice Sergio Moro, démontrent que le procès intenté contre l’ancien président Lula était une vaste machination politique, rapportent les juristes Carol Proner et Juliana Neuenschwander, dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 5 min.

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Le ministre de la justice brésilien Sergio Moro, à gauche, avec le président Bolsonaro, le 11 juin à Brasilia.
Le ministre de la justice brésilien Sergio Moro, à gauche, avec le président Bolsonaro, le 11 juin à Brasilia. EVARISTO SA / AFP

[Le 9 juin, le site d’investigation The Intercept a divulgué des messages qui laissent croire que la justice brésilienne a fait preuve de partialité dans l’enquête qui a entraîné la condamnation de l’ancien président Lula en 2017. Les échanges publiés proviennent de différents services en ligne et tendent à démontrer que le juge anticorruption Sergio Moro, aujourd’hui ministre de la justice, a manœuvré afin d’empêcher Lula de se porter candidat à la présidentielle de 2018.]

Tribune. La communauté juridique brésilienne a été profondément choquée par les révélations de The Intercept. Si elles étaient confirmées, elles attesteraient que le Brésil a été le lieu de l’un des plus graves exemples de lawfare jamais documenté. Le lawfare désigne une situation de « guerre juridique », où le droit est détourné en arme politique, destinée à renverser des gouvernements. Les documents obtenus par le journaliste Glenn Greenwald et son équipe confirment ce que de nombreux spécialistes soupçonnaient à propos de l’opération anticorruption « Lava Jato » (« lavage express ») : il s’agit de ce que le juriste allemand Otto Kirchheimer (1905-1965) appelle la « political justice », l’utilisation de procédures judiciaires à des fins politiques.

Il était déjà de notoriété publique que, au prétexte de combattre la corruption, les procureurs et juges impliqués dans « Lava Jato » se permettaient d’enfreindre les procédures et les garanties constitutionnelles, en particulier la présomption d’innocence. Mais les dernières révélations vont plus loin. Elles indiquent la priorité donnée à l’objectif politique dans l’instruction de certains dossiers – en particulier celui de Lula – et la collaboration illégale entre le parquet et le juge d’instruction.

Lire aussi Brésil : selon « The Intercept », l’enquête anticorruption sur Lula visait à empêcher son retour au pouvoir

Cette instrumentalisation d’une procédure judiciaire n’a été possible que dans un contexte particulier. Ces procureurs, héroïsés par les grands médias, ont peu à peu acquis les moyens de mener une instruction hors normes. Elle s’est concentrée dans la seule circonscription judiciaire de la ville de Curitiba, sans que rien ne le justifie. De nombreuses affaires ont ainsi été artificiellement connectées les unes avec les autres, afin de les soumettre à l’autorité d’un unique juge, Sergio Moro, ce qui l’a érigé en héros national. Moro a dès lors eu sous sa férule nombre d’affaires et a bénéficié d’une grande popularité, faits inédits dans l’histoire judiciaire du pays.

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