L’Illinois, terre d’accueil pour l’IVG

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Dr. Erin King, the head gynecologist of the Hope Clinic in Granite City, Illinois, poses for a portrait inside the clinic.

Neeta Satam pour M Le magazine du Monde

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Portés par l’élection de Donald Trump, les antiavortement multiplient les offensives. Cerné par les États conservateurs, l’Illinois se dote d’un arsenal législatif visant à sanctuariser l’accès à l’IVG.

Certes, le Mississippi est un très large fleuve. Un épais ruban boueux qu’enjambe une ribambelle de ponts. Des plus anciens aux plus récents, ils relient ici la ville de Saint-Louis (Missouri) à Granite City (Illinois), un peu plus au nord et bien plus modeste. Mais, dans ce coin du Midwest conservateur, le fleuve frontière ne sépare pas seulement deux États. « À chaque fois que je franchis le Mississippi pour venir travailler, je passe véritablement d’un monde à un autre », assure sans exagération Erin King.

Blouse bleue de rigueur, la gynécologue-obstétricienne a pris une pause dans son emploi du temps « de dingue ». Ces jours-ci, l’avortement agite les esprits des deux côtés de la frontière et la docteure King est en première ligne. Face aux offensives tous azimuts des militants anti-IVG, jamais l’Illinois n’a autant mérité sa réputation d’« État refuge » pour les femmes souhaitant avorter.

À la tête de la Hope Clinic for Women depuis trois ans, un centre spécialisé dans les avortements situé au beau milieu d’une vilaine zone industrielle de Granite City, l’énergique quadragénaire habite toujours dans le Missouri. Chaque jour, son trajet de vingt minutes en voiture la transporte de l’un des États américains les plus restrictifs en matière de droits à l’avortement à l’un des plus libéraux.

La Hope Clinic for Women, à Granite City dans l’Illinois, le 7 juin 2019. Environ 4 000 femmes, dont 55 % viennent du Missouri voisin, se font avorter dans cet établissement chaque année.
La Hope Clinic for Women, à Granite City dans l’Illinois, le 7 juin 2019. Environ 4 000 femmes, dont 55 % viennent du Missouri voisin, se font avorter dans cet établissement chaque année. Neeta Satam pour M Le magazine du Monde

Même sa vie de famille est rythmée par ce fossé grandissant entre deux Amériques. Son mari, « gyn-obs » comme elle, se bat pour maintenir ouverte la dernière clinique pratiquant les IVG dans le Missouri, à Saint-Louis. Et chacun, de part et d’autre du fleuve, peut constater les crispations et les positions irréconciliables des deux camps.

Ce jour-là, à Saint-Louis, devant la clinique du Planning familial menacée de fermeture par les autorités pour des raisons de « sécurité sanitaire », une poignée de jeunes gens opposés à l’interruption volontaire de grossesse agitent une pancarte à l’étrange slogan : « L’avortement est l’ultime exploitation de la femme ». Sur le parking, un homme plus âgé vêtu d’un gilet arc-en-ciel siglé « clinic escort » se tient prêt à accueillir des patientes. Un jeu de rôles désormais classique dans le pays.

Clinique forteresse

Le sort de la clinique était, depuis quelques jours, entre les mains de la justice : si elle avait fermé l’établissement, le Missouri serait devenu le premier État américain sans accès à l’IVG. Une situation intenable au regard de la loi fédérale – qui a légalisé l’avortement en 1973 avec l’arrêt Roe v. Wade – et dont l’objectif est justement de porter le sujet devant la Cour suprême. Ce ne sera pas pour cette fois. La clinique, qui accueille chaque année des milliers de femmes, peut poursuivre son activité. Reste qu’avec un seul établissement pour un Etat de plus de six millions d’habitants, nombreuses sont les femmes contraintes de passer la frontière pour aller grossir les rangs des patientes d’Erin King.

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