En Ukraine, après le schisme, les convulsions religieuses

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Environ 150 paroisses ont quitté le giron de Moscou depuis la reconnaissance de l’indépendance de l’Eglise orthodoxe ukrainienne, le 6 janvier.

Par Benoît Vitkine Publié aujourd’hui à 10h49, mis à jour à 10h49

Temps de Lecture 6 min.

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Le père Iaroslav (patriarcat de Kiev) et ses paroissiens prient avant un déjeuner commémoratif. Desna (Ukraine), le 2 février 2019.
Le père Iaroslav (patriarcat de Kiev) et ses paroissiens prient avant un déjeuner commémoratif. Desna (Ukraine), le 2 février 2019. ALEXANDER CHEKMENEV POUR “LE MONDE”

Au commencement, il y eut un séisme géopolitique, provoqué par la décision du patriarcat de Constantinople de reconnaître l’existence d’une Eglise orthodoxe ukrainienne indépendante – autocéphale, selon le vocable consacré. Par cette décision, formalisée le 6 janvier, le patriarcat de Constantinople, « premier parmi ses pairs », mettait fin à plus de trois cents ans de soumission de l’orthodoxie ukrainienne à Moscou.

Cette légitimation du patriarcat de Kiev, qui absorbe l’ancienne Eglise autocéphale et se voit consacré « Eglise orthodoxe d’Ukraine », a provoqué une rupture profonde au sein du monde orthodoxe et un schisme entre Constantinople et Moscou, qui craint désormais de perdre son noyau historique ukrainien. Dans chaque village, de l’ouest à l’est du pays, la réplique de la décision de Constantinople se fait sentir, trahissant les évolutions récentes de l’identité ukrainienne, et la formation accélérée, quoique douloureuse, d’un Etat-nation.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Schisme orthodoxe : « C’est de politique qu’il s’agit ici, voire de géopolitique »

Constitué en 1992, après l’indépendance de l’Ukraine, le patriarcat de Kiev est lui-même issu d’un schisme avec Moscou, et a depuis vécu sans reconnaissance canonique de ses pairs. L’autocéphalie lui permet d’espérer conquérir de nouveaux fidèles, transformant l’Ukraine en une nouvelle ligne de front où la querelle religieuse est une nouvelle émanation d’un conflit éminemment politique, au même titre que la question linguistique.

Sur la ligne de départ, le patriarcat de Moscou est largement en avance, avec près de 12 500 paroisses, contre environ 5 500 à Kiev. Mais depuis début janvier, environ 150 paroisses ont changé d’allégeance, rejoignant la juridiction de Kiev. Le mouvement devrait s’accélérer : l’Eglise ukrainienne, avec à sa tête le métropolite Epifani, n’existe sous sa nouvelle forme juridique que depuis le 31 janvier.

Lente évolution

L’église Saint-Gabriel du village de Desna, 6 000 habitants, est l’une de celles qui ont basculé. Là, dans la région centrale de Tchernihiv, ce sont les fidèles qui ont demandé au prêtre d’entériner le changement, dès le début du mois de janvier. Le père Iaroslav, 53 ans, a organisé un vote : 92 paroissiens ont dit « oui » ; quatre, « non ». « Tous les pays orthodoxes ont leur Eglise, pourquoi pas nous ?, demande Valentina Kravtchenko, 55 ans. Nous avions déjà réfléchi à un tel changement avant, mais cela nous faisait peur de rejoindre une Eglise non reconnue. »

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