Au Salvador, les familles de victimes craignent l’amnistie des crimes commis durant la guerre civile

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Les familles des victimes de la guerre civile des années 1980 dénoncent un projet de loi en cours d’examen qui permettrait, de fait, d’amnistier les responsables de crimes contre l’humanité.

Par Publié aujourd’hui à 10h32

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Commémoration du vingt-sixième anniversaire des accords de paix ayant mis fin à la guerre civile au Salvador, en 1992. Le 16 janvier 2018, à  San Salvador.
Commémoration du vingt-sixième anniversaire des accords de paix ayant mis fin à la guerre civile au Salvador, en 1992. Le 16 janvier 2018, à  San Salvador. MARVIN RECINOS / AFP

Le Salvador va-t-il à nouveau amnistier les auteurs de crimes contre l’humanité commis pendant le conflit armé (1979-1992), dont on estime qu’il a fait 75 000 morts et disparus ?

C’est en tout cas ce que craignent les Nations unies, la Cour interaméricaine des droits humains (CIDH), diverses ONG de la société civile et, surtout, les familles des victimes, à propos d’un projet de loi en cours d’examen à l’Assemblée législative.

« C’est un retour en arrière »

« Cette loi protège les criminels, c’est un retour en arrière pour que les coupables restent impunis », dénonce Maria Dorila Marquez, 62 ans, présidente de l’Association pour la promotion des droits humains d’El Mozote (APDHEM), du nom d’un village dans lequel l’armée, qui combattait la guérilla du Front Farabundo Marti pour la libération nationale (FMLN), a commis un massacre en 1981, dont Mme Marquez a réchappé « par miracle ». Ce n’est pas le cas du reste de sa famille. Jointe au téléphone à El Mozote, à 200 kilomètres au nord-est de San Salvador, elle ne peut s’empêcher de pleurer, même trente-huit ans après, en égrenant la liste de ses proches tombés sous les balles :

« Mon père, ma mère, ma sœur enceinte de neuf mois, son mari, mon frère de 11 ans, une nièce de 7 mois… Si on ne compte que la famille proche, cinquante victimes. Si on élargit la liste aux cousins, une centaine. »

Le bataillon Atlacatl, responsable du massacre, accusait les villageois d’être des terroristes marxistes. « Un enfant mort est un guérillero de moins », avaient-ils inscrit, en lettres de sang, sur les murs d’une maison. En tout, 539 enfants (dont 475 de moins de 12 ans) et 449 adultes ont été sauvagement assassinés, selon les chiffres officiels rendus publics à partir de 2017.

Deux enfants lisent les noms des enfants tués au Salvador pendant la guerre civile, notamment lors du massacre du village d’El Mozote, à 200 kilomètres au nord-est de San Salvador. Le 9 décembre 2016.
Deux enfants lisent les noms des enfants tués au Salvador pendant la guerre civile, notamment lors du massacre du village d’El Mozote, à 200 kilomètres au nord-est de San Salvador. Le 9 décembre 2016. MARVIN RECINOS / AFP

Officiers formés aux Etats-Unis

Les officiers de ce bataillon avaient été formés aux techniques de contre-insurrection par les Etats-Unis, à l’Ecole des Amériques. Deux mois plus tard, lors d’une audience au Sénat, le sous-secrétaire d’Etat américain pour les droits humains de l’époque, Elliott Abrams, avait qualifié ces informations de « propagande communiste », et qualifié la politique américaine au Salvador de « réussite fabuleuse ».

Plusieurs années plus tard, des documents déclassifiés ont montré que M. Abrams, aujourd’hui envoyé spécial de Donald Trump pour le Venezuela, était au courant des graves violations des droits humains commis au Salvador.

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