Madrid n’en a toujours pas fini avec son passé franquiste

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Comme l’illustre le documentaire « Le Silence des autres », l’Espagne a encore beaucoup de retard dans son travail de mémoire.

Par Sandrine Morel Publié aujourd’hui à 07h16, mis à jour à 07h16

Temps de Lecture 3 min.

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L’immense mausolée du Valle de los Caidos (littéralement « la vallée de ceux qui sont tombés »),  près de Madrid, où repose le corps embaumé de Franco, en juillet 2018.
L’immense mausolée du Valle de los Caidos (littéralement « la vallée de ceux qui sont tombés »),  près de Madrid, où repose le corps embaumé de Franco, en juillet 2018. OSCAR DEL POZO / AFP

L’une des premières promesses du socialiste Pedro Sanchez, lorsqu’il est arrivé au pouvoir, le 1er juin 2018, a été de procéder au plus vite à l’exhumation de Franco. Le corps embaumé du dictateur repose, depuis 1975, dans un immense mausolée, el Valle de los Caidos, construit après la guerre civile par des milliers de prisonniers républicains. Sa tombe, toujours fleurie, visitée par des touristes, mais aussi par des nostalgiques de la dictature, est entourée de cryptes qui renferment les ossements de près de 33 000 morts de la guerre civile, nationalistes mais aussi républicains, déterrés des fosses communes sans l’accord de leur famille. Elle est le symbole du retard de l’Espagne dans son travail de mémoire. Alors qu’on ne compte pas les monuments en hommage aux victimes du camp « national » et aux religieux assassinés, la politique de réparation publique envers les morts adverses reste à compléter.

Lire la critique du « Silence des autres » : La patiente exhumation de la mémoire espagnole

Récompensée, le 2 février, du Goya du meilleur documentaire, la productrice du Silence des autres, Almudena Carracedo, a dédié son prix aux « milliers de victimes et survivants de la dictature franquiste, et à ceux qui luttent jour après jour pour leurs droits à la justice et à la vérité ». Ce n’est qu’en 2007 que l’ancien chef du gouvernement socialiste José Luis Rodriguez Zapatero a fait approuver la loi de mémoire historique, dans un climat politique crispé. La droite l’accuse alors de vouloir rouvrir les blessures du passé, tandis que les associations de descendants de républicains demandent de pouvoir les refermer.

Travail titanesque

Finalement, cette loi déclare « illégitimes » les procès sommaires et politiques organisés durant la dictature. Elle interdit les symboles qui exaltent le franquisme dans les lieux publics. Et elle distribue des subventions pour localiser les fosses communes et éventuellement exhumer les corps. Pour les associations, cependant, elle ne va pas assez loin. Depuis 2000, celles-ci avaient déjà commencé à procéder à l’ouverture de fosses, à la demande de familles de victimes. Mais il s’agit d’un travail titanesque. En 2008, l’ancien juge Baltasar Garzon a chiffré à 113 000 les « disparus » de la guerre ­civile. Plus de 2 400 fosses communes ont été répertoriées. Moins de 700 ont été ouvertes ces dernières années.

Après le retour au pouvoir du Parti ­populaire (droite), fin 2011, la loi de mémoire historique n’a plus été dotée d’aucun fonds. De retour aux affaires en 2018, le Parti socialiste ouvrier espagnol a certes ressuscité la direction générale de la mémoire historique, qui a demandé officiellement à 656 municipalités d’éliminer les vestiges du franquisme de l’espace public. Cependant, tout le reste est en suspens…

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