L’opposition soudanaise entre en clandestinité

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Le camp pro-démocratie a lancé un mouvement de désobéissance civile après la répression menée par les militaires.

Par Publié aujourd’hui à 10h09

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Les rues de Khartoum au premier jour de désobéissance civile, le 9 juin 2019.
Les rues de Khartoum au premier jour de désobéissance civile, le 9 juin 2019. – / AFP

C’était un jour de rentrée, mais, pour arriver à son bureau, ce capharnaüm de papiers jonchant le sol, d’ordinateurs brisés et de meubles défoncés, le professeur de l’université de Khartoum n’a pas eu à braver les embouteillages. La capitale soudanaise, lundi 10 juin, vit son deuxième jour de désobéissance civile.

La ville est en partie paralysée. Ses grands axes sont quadrillés par les forces de diverses unités militaires ou paramilitaires soutenant le Conseil militaire de transition (TMC), un groupe de généraux qui devaient rendre le pouvoir aux civils après avoir renversé le président Omar Al-Bachir, le 11 avril, mais qui s’y ­accrochent avec le soutien de leurs parrains régionaux.

Ecrasement du sit-in dans le sang

Depuis le 3 juin, date de l’écrasement du sit-in du mouvement démocratique qui avait élu domicile depuis près de deux mois juste à côté de l’université, tout va de mal en pis.

Lundi 10 juin, le professeur de sciences – qui doit cacher son nom comme tous ceux qui s’impliquent dans le mouvement de contestation – n’est pas venu reprendre le travail, mais constater l’ampleur des dégâts : les bâtiments en brique rose de la vénérable institution qui date, pour ses premières constructions, du tout début du XXe siècle, ont été ravagés il y a quelques heures par les hommes de la Force de soutien rapide (RSF), bras armé du groupe des généraux. L’université avait été fermée dès le début des manifestations, en décembre. Depuis, elle a été saccagée par les ex-miliciens janjawids, recrutés pour leur brutalité, qui sont lâchés sur Khartoum.

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Les bureaux ont été mis à sac, le matériel qui n’a pas été volé a été détruit. Les archives ne sont plus qu’un souvenir. Une sorte de punition contre le savoir, la contestation ou les deux à la fois.

« C’est lamentable, lamentable. Ils n’ont épargné que les bureaux de professeurs qui étaient proches du pouvoir [de l’ex-président Omar Al-Bachir et, à présent, des généraux du TMC] mais, s’ils croient nous briser, ils se trompent. On est prêt à continuer pendant des semaines la campagne de désobéissance ­civile », témoigne le professeur, joint par téléphone.

Il ne reste plus rien de la mémoire physique de ce lieu où ont été formés tant de cerveaux de l’élite soudanaise et où ont aussi été élaborées tant de transformations politiques : la « révolution d’octobre » contre le général ­Abboud est partie de là en 1964. On y a préparé les manifestations monstres qui ont renversé le pouvoir du général Nimeiry en 1985 ; on s’y est battu à la barre de fer dans les années 1980, tandis que les étudiants proches des Frères musulmans y faisaient une percée musclée.

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